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La racine du fleuve

Alain Emery

Paul et Mike

  • Conseillé par
    27 novembre 2014

    Fleuve, je ne boirai pas de ton eau.

    Un recueil de nouvelles d'Alain Emery est toujours un moment de lecture attendu !
    Un grand nouvelliste et un ami que j'ai toujours beaucoup de plaisir à rencontrer, hélas trop rarement et toujours trop rapidement.
    Cinq nouvelles dont "La racine du fleuve" qui est, et de beaucoup, la plus longue ! Morceau de bravoure de ce livre.

    " Quatre joueurs attablés". La rançon de la gloire. La célébrité est une catin qui s’achète, certains sont prêts à en payer le prix. Même si le montant du marché est très élevé. Et tout cela pour se rendre compte que cette reconnaissance très enviée n'est qu'un simulacre de bonheur ! Ainsi vont les vies et les morts.
    "Aux abois", Chasse à l'homme urbaine. La victime, un vieil homme, les coupables, la foule soudain devenue une meute. Une histoire très noire, plus qu'il n'y paraît à la première lecture. Ainsi va la justice expéditive et populaire .
    "La racine du fleuve" est à mon goût une nouvelle d'atmosphère, celle d'une sorte de sous-préfecture étriquée, avec ses us et coutumes qui seront bouleversés par l'arrivée d'un nouveau juge et une série de meurtres sauvages. Mais qui sont les coupables ? La lecture du journal de Monsieur Touraine, le juge, par le greffier Rohmer donnera un éclairage inattendu sur ce personnage de retour des colonies ! Un homme pas trop regardant sur les lois qu'il était chargées d'appliquer.
    Une récit que j'ai dû relire deux fois pour en comprendre la portée. Le jeu d'échecs, mais transposé en taille réelle dans un prétoire, entre un juge et des assassins !
    "L'heure des braves" pose par un exemple très dur le problème de la jalousie des uns et la lâcheté des autres. Une brave jeune femme en mourra au mieux dans l'indifférence générale savamment orchestrée par les notables de la ville. Un peu aidée aussi ?
    "Les ficelles", la rumeur a ou n'a pas de fondement, souvent la deuxième version est la plus courante et la plus destructrice. Pour qu'elle se propage, il faut plusieurs choses : un chef d'orchestre qui souffle l'air de la médisance ! Ensuite il faut des oreilles attentives et des langues de vipères (Il est à noter que l'un et l'autre vont souvent de paire). Le résultat est parfois dévastateur mais il peut aussi combler les espérances de certains !
    Des joueurs de cartes rappelant un célèbre tableau mais remis au goût de notre époque moderne. Dans la nouvelle qui donne son titre à l'ouvrage, l'auteur nous offre une étonnante série de portraits de justiciers et de justiciables, ni tout à fait blancs, mais pour certains plutôt très noirs. Des gens avec leur mesquinerie de villageois plutôt peu instruits, des notables mauvais sous tous rapports ! Du beau monde dans ce recueil !
    Toujours très bien écrit...un vrai plaisir, mais est-ce la longueur inhabituelle de "La racine du fleuve" ou le fait que lors de la première lecture je suis resté sur la rive du dit-fleuve, cette lecture n'a pas coulé de source et a donc nécessité comme dit plus haut une seconde tentative pour en découvrir les subtilités. Les autres textes sont par contre d'un format plus usuel et même très court.