Suivez-nous
Un manoir à Neuchâtel
EAN13
9782362371721
Éditeur
Sabine Fournier
Langue
français
Fiches UNIMARC
S'identifier

Un manoir à Neuchâtel

Sabine Fournier

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782362371721
    • Fichier EPUB, avec Marquage en filigrane
    14.99
**Extrait**


**CHAPITRE PREMIER
L’oncle Ulrich**

Adolescente, Rébecca suivit un parcours atypique. Après le bac, elle pensait
préparer une licence d’histoire-géo, puis une maîtrise d’anthropologie. Or,
dans un accident de la route dont elle sortit indemne, elle perdit son père et
sa mère. La voilà sans ressources financières à l’âge de dix-sept ans. Sa
tante, coiffeuse de profession, la prit en charge, mais ne put lui offrir les
études auxquelles elle aspirait. Cependant, dans le salon de coiffure de sa
tante, Rébecca prenait goût, peu à peu, à la profession. Sa beauté était son
principal atout, et c’était le lieu où elle pourrait l’entretenir le plus
facilement. C’est ainsi que la jeune fille est devenue coiffeuse esthéticienne
et que, poussée par sa tante, elle a participé à des concours de beauté. A
vingt-deux ans, Rébecca obtenait le titre de Miss Doubs. Un an plus tard, elle
épousait Bertrand, lequel effectuait, pour le compte de son journal, des
reportages sur les concours de beauté régionaux.
Bertrand et Rébecca pallièrent l’absence d’enfants par de nombreuses sorties
dans les boîtes de nuit à Besançon, ou à Dijon seulement éloignée de quatre-
vingts kilomètres. La jeune femme, dans tout l’éclat de sa beauté, portait des
robes moulantes et courtes, dont le décolleté ravageur mettait en valeur son
90 B de poitrine. Ses cheveux noirs étaient savamment coiffés. Nombre de mâles
posaient leur regard sur le visage lumineux, au maquillage sophistiqué, de
Rébecca – et plus encore sur son cul moulé de cuir noir ou sur ses seins
bombés à moitié découverts.
L’exhibitionnisme de sa femme était loin de déplaire à Bertrand. Ça
l’excitait, au contraire, et ça l’inspirait : il consacrait la meilleure
partie de ses loisirs à écrire des romans pornographiques. Des bouquins que
Rébecca, la muse de l’auteur, lisait avec passion. L’autre partie de ses
loisirs était consacrée aux randonnées à vélo afin de soigner sa condition
physique.
Son imagination, il la couchait sur du papier au lieu de la coucher dans le
lit conjugal, aussi Rébecca avait-elle besoin d’un exutoire. Le lundi, jour de
fermeture du salon, elle se plongeait dans un bain chaud et moussant, avec à
portée de main un livre écrit par son cochon de mari. Au bout de quelques
pages de lecture, elle se glissait dans la peau de l’héroïne nymphomane, ou de
celle qui jouissait sous le joug d’un Maître dominateur. Elle saisissait l’un
ou l’autre de ses sextoys favoris, parfois même les deux : le gros noir pour
le vagin ; le blanc fin et long pour l’anus. Elle aimait les sentir se presser
l’un contre l’autre, seulement séparés par sa fine cloison intime. Seule dans
la salle de bains, livrée aux deux petits soldats enfoncés dans le con trempé
et le rectum dilaté, elle laissait éclater sa jouissance.
Cependant, Rébecca n’avait pas tiré un trait sur l’objet de sa passion
antérieure : l’anthropologie. Quand elle n’avait plus de romans de son époux à
lire dans le bain, elle s’intéressait aux ouvrages traitant de l’histoire des
anciennes peuplades africaines. Ce qui, étrangement, l’amenait à établir un
parallélisme entre les histoires imaginées par son mari et les us et coutumes
des tribus en question. Parfois, elle abordait le sujet avec Bertrand. Le
journaliste pensait que les fantasmes et les rituels des âges révolus étaient
sans doute restés imprimés dans la mémoire collective de l’humanité.
Au fil du temps, leurs sorties en boîte s’espacèrent. Le couple fréquentait
peu de monde : chacun en voyait suffisamment par ailleurs, elle au salon de
coiffure, lui au journal. On se réserva le dimanche pour soi. Si ce n’est que
tous deux invitaient régulièrement un oncle de Bertrand par alliance : Ulrich,
afin de lui remonter le moral après le décès de son épouse.
Cinquante-neuf ans, fondé de pouvoir d’une grande banque dont le siège social
était à Besançon, Ulrich subventionnait en partie le journal où Bertrand
travaillait. Et il faisait partie du comité d’administration du quotidien.
Un très bel homme, cet Ulrich, bien bâti, d’une taille avoisinant le mètre
quatre-vingt. Grâce à des séances de thalassothérapie et à la consommation
d’alicaments, substances retardant le vieillissement des cellules, il était
loin de paraître son âge. De plus, il possédait un imposant manoir en Suisse,
au bord du lac de Neuchâtel, où il passait ses week-ends et ses vacances, et
où il comptait vivre définitivement une fois retraité.
S'identifier pour envoyer des commentaires.