- EAN13
- 9782764646120
- Éditeur
- Éditions du Boréal
- Date de publication
- 28/01/2020
- Collection
- Essais et Documents
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Une démission tranquille
La dépolitisation de l’identité québécoise
Jacques Beauchemin
Éditions du Boréal
Essais et Documents
Livre numérique
Sous la pression combinée de l’individualisme, du pluralisme et de l’économie
néolibérale, les États-nations tendent vers une dépolitisation de leur
identité. Comme il est de plus en plus difficile de se référer à une origine
et à un avenir en commun, l’identité nationale se vide de son unité politique
pour laisser place à des revendications multiples. À cette dépolitisation
s’ajoute la tentation de l’apolitisme, que ce soit par un repli sur la seule
culture ou sur l’intérêt individuel. Où se situe le Québec contemporain dans
ce contexte où la vie politique marginalise l’histoire nationale? Que se
trame-t-il dans les profondeurs de sa conscience historique? Les progrès
engendrés par la Révolution tranquille ont été le fruit d’une impulsion
politique, d’un désir de faire société qui donnait force et cohérence à
l’action de l’État et des mouvements sociaux. C’est l’affirmation volontariste
d’une culture libérée des carcans que lui imposait la société canadienne-
française de jadis qui a rendus ces progrès possibles. Faut-il en faire autant
avec la culture issue de la Révolution tranquille? Que faire de l’histoire
nationale dans une société pluraliste et multiethnique où le monopole que
détenaient les Canadiens français sur l’écriture de cette histoire paraît
moins légitime. L’introspection culpabilisante ne risque-t-elle pas d’emporter
le destin national dans son sillon? Si Jacques Beauchemin se porte à la
défense de l’élan hérité de la Révolution tranquille, c’est parce qu’il craint
que la dépolitisation entraîne la marginalisation, voire la folklorisation du
Québec français. À ceux qui en appellent à un retour au Canada français, il
rappelle le caractère apolitique d’une identité canadienne-française
retranchée dans les limites de sa mission providentielle. La foi catholique
hier, les succès internationaux des artistes et des entreprises aujourd’hui
sont les manifestations d’une identité qui nie le politique. Les Québécois
s’accrochent à une « éternité trompeuse », à cette idée que leur culture
demeurera, quels que soient leurs choix politiques. En réaction à cette
attitude émerge un « déclinisme » proprement québécois qui rage d’appartenir à
une province, mais qui ne croit plus au réveil collectif et donc s’abîme lui
aussi dans l’apolitisme. Figure incontournable de la sociologie politique
québécoise et de la pensée souverainiste, Jacques Beauchemin est lucide quant
à l’état de la conscience historique québécoise, mais il persiste à faire
vivre en Amérique une société originale.
*[ve]: 5e siècle
*[av. J.-C.]: avant Jésus-Christ
néolibérale, les États-nations tendent vers une dépolitisation de leur
identité. Comme il est de plus en plus difficile de se référer à une origine
et à un avenir en commun, l’identité nationale se vide de son unité politique
pour laisser place à des revendications multiples. À cette dépolitisation
s’ajoute la tentation de l’apolitisme, que ce soit par un repli sur la seule
culture ou sur l’intérêt individuel. Où se situe le Québec contemporain dans
ce contexte où la vie politique marginalise l’histoire nationale? Que se
trame-t-il dans les profondeurs de sa conscience historique? Les progrès
engendrés par la Révolution tranquille ont été le fruit d’une impulsion
politique, d’un désir de faire société qui donnait force et cohérence à
l’action de l’État et des mouvements sociaux. C’est l’affirmation volontariste
d’une culture libérée des carcans que lui imposait la société canadienne-
française de jadis qui a rendus ces progrès possibles. Faut-il en faire autant
avec la culture issue de la Révolution tranquille? Que faire de l’histoire
nationale dans une société pluraliste et multiethnique où le monopole que
détenaient les Canadiens français sur l’écriture de cette histoire paraît
moins légitime. L’introspection culpabilisante ne risque-t-elle pas d’emporter
le destin national dans son sillon? Si Jacques Beauchemin se porte à la
défense de l’élan hérité de la Révolution tranquille, c’est parce qu’il craint
que la dépolitisation entraîne la marginalisation, voire la folklorisation du
Québec français. À ceux qui en appellent à un retour au Canada français, il
rappelle le caractère apolitique d’une identité canadienne-française
retranchée dans les limites de sa mission providentielle. La foi catholique
hier, les succès internationaux des artistes et des entreprises aujourd’hui
sont les manifestations d’une identité qui nie le politique. Les Québécois
s’accrochent à une « éternité trompeuse », à cette idée que leur culture
demeurera, quels que soient leurs choix politiques. En réaction à cette
attitude émerge un « déclinisme » proprement québécois qui rage d’appartenir à
une province, mais qui ne croit plus au réveil collectif et donc s’abîme lui
aussi dans l’apolitisme. Figure incontournable de la sociologie politique
québécoise et de la pensée souverainiste, Jacques Beauchemin est lucide quant
à l’état de la conscience historique québécoise, mais il persiste à faire
vivre en Amérique une société originale.
*[ve]: 5e siècle
*[av. J.-C.]: avant Jésus-Christ
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