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    9 décembre 2012

    «Ce livre met en alphabet un certain nombre de thèmes, de personnages, d’oeuvres en rapport avec cet objet familier mais mal connu, appelé en français d’un sobriquet aimable, le dico.»

    Je suis un amoureux des dictionnaires.
    Depuis tout petit-petit-petit...
    J’ai encore et je feuillette toujours mon premier dictionnaire, je devais avoir quatre ou cinq ans, un Grand Larousse de l’année...heu...bon, je vous passe l’année...sinon je vais pleurer le temps passé...
    Voyons voir dans ma «dicothèque» si vous le voulez bien.
    Vous avez du temps devant vous ?
    Allez, chers «dictionnairistes» (d’après Charles Nodier), c’est parti, suivez-moi...et n’ayez crainte je ne suis pas atteint de «dicopathie»...

    Au fil des étagères : «Dictionnaire du jazz», «Dictionnaire du rock», «Dictionnaire de la musique classique», «Dictionnaire des racines grecques», «Dictionnaire des racines latines», «Dictionnaire des synonymes», «Dictionnaire des rimes», «Dictionnaire de la psychologie» (boulot), «Dictionnaire de la pédagogie» (boulot, boulot), «Dictionnaire amoureux des chats» (j’en ai deux, deux chats, pas deux «Dictionnaires amoureux des chats»), «Dictionnaire du littéraire», «Dictionnaire encyclopédique de la littérature française», «Dictionnaire des auteurs», «Dictionnaire des personnages populaires de la littérature», «Dictionnaire des grands écrivains de langue française», «Dictionnaire des littératures» (un vieux Larousse en 2 tomes indigestes des années 80, années indigestes aussi d’ailleurs), «Le petit Larousse des grands écrivains français», «Le dictionnaire des littératures de langue française», «Le Robert de poche» (2009), «Le petit Robert des noms propres», le «Dixel-Robert illustré» (tout neuf de 2013) et, et, «Le dictionnaire des écoliers de France» (chez Larousse-Education Nationale, écriture de ce dico à laquelle les petits de ma classe de CP ont participé en écrivant 5 articles)...j’en oublie certainement et je vous évite la longue liste de mes encyclopédies !

    OUF !

    Ce «Dictionnaire amoureux des dictionnaires» de mon cher Alain Rey, spécialiste de la langue française, philosophe et historien du langage et surtout, par-dessus tout, natif du Puy-de-Dôme, d’un village à deux pas de chez moi !
    Il est l’auteur, le concepteur de nombreux dictionnaires : «Le petit Robert», «Le petit Robert des noms propres» le «Dictionnaire historique de la langue française» (que j’ai commandé au Père Noël 2012...merci T., il se reconnaîtra) et le monumental «Dictionnaire culturel en langue française» (celui-là je me le commande pour mes 100 ans, quand je serai riche...car il coûte près de 200 euros !)

    Parcourir cette histoire des dictionnaires, c’est voyager dans le temps...en s’étonnant, en se cultivant, en s’amusant...aussi !
    Par exemple, lit-on dans une première version du Dictionnaire de l’Académie française (1813) une définition de la «femme» : «la femelle, la compagne de l’homme».
    Najat Vallaud-Belkacem, l’actuelle ministre des Droits des femmes devrait apprécier !
    Un dico n’est jamais neutre (quel vilain mot !), il prend position sur le monde avec ses préjugés, ses erreurs et ses mensonges.

    Lire un dictionnaire c’est s’aventurer, s’égarer (en cherchant quelque chose on trouve toujours autre chose) se rassurer (on le consulte comme on consulte un médecin) et s’inquiéter...de son ignorance !

    Le livre des livres, l’outil indispensable (comment penser sans lui ?comment panser ses lacunes sans lui ?), un objet vivant qui grouille de sens sans dessus dessous, dans tous les sens, un miroir du monde dans lequel on réfléchit, on se réfléchit, on se rafraîchit, un OCMI, Objet Culturel Mal Identifié (Alain Rey), une machine (un machin?) à rêver, un vertige de l’amour des mots, une maison, une tente de nomade, une utopie, une chimère, une traduction de la vie, un gai savoir, un tour du mot, un tour du monde...

    Un dico c’est avant tout un classement alphabétique illogique, anti-hiérarchique (ça me plait ça l’anti-hiérarchie !), sans état d’âme, sans état de raison.
    «L’alphabet possède une richesse cachée, qui vient de l’arbitraire même : n’ayant pas de valeur signifiante claire, il confère à chaque fragment valeur égale et neutralise leur succession.» (Alain Rey)
    Notez que dans un dico se mélangent (joyeusement !) tous les «anti» (antimilitariste, anticapitaliste, mes préférés) avec l’«antilope» (c’est quoi une lope ?) ou l'«antimoine» (serait-ce un synonyme d’athée ?).

    Rey s’accompagne d’écrivains amoureux des dicos : Balzac, Hugo, Voltaire («Un dictionnaire sans citations est un squelette»), Zola, Baudelaire, Rémy de Gourmont (tiens, en passant, lisez cet auteur malheureusement oublié), Sartre («Je trouvais à l’idée plus de réalité qu’à la chose, parce qu’elle se donnait à moi d’abord et parce qu’elle se donnait comme une chose»), Saint-John Perse («Si le mot que j’ai choisi se trouve dans le Larousse, je le garde.»), le précieux Giraudoux le fou de mots («Elle savait que les dictionnaires sont feuilletés par ceux que harcèle un désir violent, une maladie mortelle, une passion, et que c’est le livre de la vérité et de la vie.»), Francis Ponge (qui voit le Littré comme un «autre monde»), Mallarmé...

    Connivence réciproque entre le dico et les écrivains : «Le dictionnaire vit des textes, et les textes d’écrivains ont moins besoin de lui que lui d’eux.»

    Il nous fait fréquenter de plus près les célèbres (immortels ?) Louis-Nicolas Bescherelle (nous avons tous un «Bescherelle» à portée de main, à portée de conjugaison, non ?), Ambrogio Calepino (oui c’est lui le calepin), Pierre Larousse (ben oui, Larousse avait un prénom), Emile Littré, Louis Hachette, Paul Robert, etc.
    Ne dit-on pas maintenant LE Littré, LE Robert, LE Larousse, LE Gaffiot ?

    Bien entendu, vous allez me dire, je l’attendais, j’en étais sûr, j’en aurais mis ma main au feu, mais à quoi bon s’encombrer d’un bon gros dico alors qu’on a tout sur internet ?
    Oui, d’accord, mais sur cette «légère» toile, sentez-vous TOUT le poids du monde, amis entendez-vous le lourd et grave «PLOCH» du dico qui se pose sur votre bureau, ressentez-vous les lourds savoirs qui pèsent sur vos genoux, tournez-vous les pages du monde comme on tourne une manivelle pour comprendre ?
    Et puis porter un dico à bout de bras,
    ça vous muscle un homme, non ?
    Alors, moi, je dis, mieux que le culturisme...la culture !

    L’amour d’Alain Rey pour les dicos est communicatif et tous les amoureux des mots devraient succomber à son charme.

    Allez, pour Noël, offrez-vous, offrez des dictionnaires !
    Je sais, ça va peser lourd dans la hotte du Père Noël mais comme dit mon voisin britannique (il a beaucoup d'humour, cela va de soi, il a déjà mitonné son Christmas cake, c’est un britannique dis-je), donc comme dit mon voisin british, «Le mouton paresseux trouve sa laine trop lourde.»

    C’est quoi un «plube» ?
    Allez, tous à vos dicos !
    Le premier qui trouve me renvoit un commentaire et je lui offre, je lui offre, ben je lui offre mes félicitations !