Comment Trouver Comment Chercher Une Première Verité

Ce volume rassemble les textes publiés en 1985 et en 1991 dans deux volumes de
la collection Philosophie imaginaire et consacrés à Jules Lequier (1824-1862),
avec lequel les Êditions de l'éclat ont commencé leurs aventures en 1985:
Comment trouver, comment chercher une première vérité?, Abel et Abel, La
notice biographique de Lequier par Prosper Hémon et "L'incommunicable secret
caché sous ce mot NOUS". L'ensemble est complété par les préfaces et postfaces
anciennes des deux ouvrages et enrichi de documents nouveaux concernant Jules
Lequier. Le livre paraît en même temps que la réédition au format poche d'un
important essai consacré à Lequier et dû au Père Xavier Tilliette, philosophe
jésuite, spécialiste de Schelling et de la philosophie chrétienne, qui livre
ici un texte très personnel sur ce philosophe trop peu connu du 19e siècle.
L'oeuvre de Lequier est tout entière contenue dans le dilemme entre la liberté
et la foi et la croyance, qu'il parvient à articuler d'une manière qui ne
convenait ni à l'Eglise, ni aux philosophes de la liberté (d'où son isolement,
et d'une certaine manière, sa mise à l'écart par l'institution philosophique).
C'est l'authenticité de la foi (quelle qu'elle soit) qui fonde la liberté!
Difficile de résumer une oeuvre qui, en plus d'être d'une grande profondeur
philosophique, est aussi un chef-d'oeuvre littéraire. « Lequier, à toi
toujours ! » s’écrie André Breton dans l’avant-dire de Nadja, et Xavier
Tilliette ajoute : « Lequier est un des rares philosophes qui font aimer
d’emblée la philosophie, par le frémissement qu’il communique, par l’urgence
qui le talonne, par ce langage direct, inhabituel, sans fioritures ni
abstractions. » C’est dire combien nous espérons que cette nouvelle édition de
ses écrits les plus importants puisse suggérer à notre siècle un ‘retour’ à
Lequier, qui a posé en des termes, souvent repris mais jamais égalés, la
question de la liberté : « Je suis libre. Je suis, par-delà ma dépendance,
indépendant, je suis une indépendance dépendante ; je suis une personne
responsable de moi, qui suis mon œuvre, à Dieu qui m’a créé créateur de moi-
même. » On l'aura compris, cette parution est "couplée" avec le livre de
Xavier Tilliette: Jules Lequier ou le tourment de la liberté. Pour information
: un confrère avait eu la riche idée de republier il y a quelques années
"Comment trouver comment chercher une première vérité" dans une petite
collection élégante, alors que notre édition était encore disponible. Si la
couverture de son édition comprenait de jolis rabats, le texte lui-même en
sept parties était amputé des fragments des 5e, 6e et 7e parties que ledit
confrère n'avait pas jugé nécessaire de faire figurer dans son édition. C'est
d'autant plus dommage que c'est dans ces parties fragmentaires que l'auteur
énonce très précisément cette "première vérité" qu'il trouve (parce qu'il la
cherche) et que je cite supra: "Je suis libre... etc." Lequier ajoute: "Enfin
je respire. Je l’ai trouvée cette première vérité!" On regrettera donc que
circule encore une édition à ce point fautive d'un texte aussi important...
mais qu'importe l'ivresse, pourvu qu'on ait le flacon et .... qu'il ait des
rabats! (Diffusion HMLivres...) Jules Lequier (1824-1862) est né à Quintin
(Cotes-du Nord) et meurt (noyé) à Plérin près de Saint-Brieuc où il passa une
grande partie de sa vie. Il n'a jamais rien publié de son vivant, mais
adressait ses écrits à un ami connu à Polytechnique, Charles Renouvier,
philosophe très institutionnel, qui publia dans SES propres écrits des pages
de Lequier sans en préciser la provenance. A la mort (tragique par noyade) de
Lequier, Renouvier voulut rassembler ses écrits en un volume qu'il ne diffusa
qu'auprès de quelques philosophes choisis, lesquels, à leur tour, piochèrent
dans l'oeuvre sans vergogne. Jusqu'à Sartre qui donnera une définition de
l'existentialisme qui est une phrase tout entière prise chez Lequier: "Faire,
non pas devenir, mais Faire et en faisant se faire." Plusieurs tentatives
furent faites pour faire redécouvrir cette oeuvre très exceptionelle, à la
fois par des philosophes comme Jean Wahl ou Jean Grenier (qui le fit lire à
Camus) mais l'oeuvre n'a pas le caractère systématique et figé qui convient à
la philosophie française. L'existence de Lequier est en soi une tragédie dont
tous les détails sont donnés dans la Notice biographique qui accompagne les
textes et fut rédigée par un érudit de Saint Brieuc qui collecta tout ce qui
concernait Lequier et qu'il remit à la Bibliothèque de Rennes.