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Tentations de l'éthique, Petit traité de la bien-maltraitance, suivi de
EAN13
9782841626519
Éditeur
L'Eclat
Date de publication
Collection
Philosophie imaginaire
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Tentations de l'éthique

Petit traité de la bien-maltraitance, suivi de "Dire mourir"

L'Eclat

Philosophie imaginaire

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782841626519
    • Fichier PDF, avec Marquage en filigrane
    8.99

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Parallèlement à ces écrits philosophiques et poétiques sur l'infinitif et à
ses travaux sur le cerveau, Emmanuel Fournier (1959-2022), disparu brutalement
en mars dernier, était professeur de médecine à la Pitié Salpétrière, où il
faisait un cours (très suivi et très peu conventionnel) sur les questions
d'éthique médicale (il n'avait plus depuis longtemps de "pratique" médicale à
proprement parler, ne parvenant plus à manier le scalpel). Ces réflexions sur
l'éthique médicale nourrissaient à la fois ses écrits sur le cerveau que ses
écrits plus spécialisés sur les opérations du visage, la transplantation
d'organes, ou sur les “mots des derniers soins” à propos de la médecine
paliative. Sollicité par un éditeur universitaire pour un ouvrage sur la
'bientraitance', nouveau mot à la mode dans le milieu médical, Emmanuel
Fournier proposa un "petit traité de la bien-maltraitance" qui fut
immédiatement refusé pour 'non conformité' avec l'opinion commune. Ce texte
fut alors largement remanié, non pas pour le rendre conforme à l'opinion
commune, mais pour en accentuer la non-conformité et pour dénoncer la mise en
place d'un nouveau vocabulaire de l'éthique hospitalière dont les effets ne
sont pas seulement linguistiques, mais économiques et politiques. La
bientraitance, la résilience, l'empowerment, etc. ne sont, pour Fournier,
qu'une mise en place d'un lexique qui désengage le médecin et l'hôpital de
leurs responsabilités pour les faire porter par les patients eux-mêmes,
désormais résilients et empowermentés. L'un des effets de cette mise en place,
outre la déresponsabilisation des médecins, est le désengagement économique de
l'Etat des institutions hospitalières. En gros: un patient qui ne ferait pas
acte de résilience, qui ne serait pas suffisament empowermenté, n'aura qu'à
s'en prendre à lui-même. La bientraitance étant homologuée comme pratique
hospitalière, toute maltraitance serait à imputer au patient qui ne se
laisserait pas "bien-traité"... Quelques jours avant de disparaître, Emmanuel
Fournier nous avait écrit qu'il venait de mettre le dernier point à ce livre
dont nous avions accepté avec enthousiasme la publication à la lecture de la
première mouture. Restait à intégrer dans le texte, tel qu'il était, des
"paroles de patients" (en soins paliatifs) qui avaient déjà servies d'exemples
dans le livre sur Les mots de derniers soins. Cet ensemble de 'paroles de
patients" était constitué et portait le titre : "Dire mourir. Portrait d'homme
mourant". Plutôt que de placer arbitrairement ces citations dans un texte
achevé, nous avons préféré les faire suivre toutes ensemble le texte principal
Tentations de l'éthique. L'ouvrage est une réflexion sans appel sur les
méfaits d'un langage non approprié pour définir des situations médicales et
qui procède d'une nouvelle vision du monde où la résistance cède la pas à la
résilience, où la bientraitance est contrainte et n'a rien à voir avec
l'éthique, où l'engagement n'est plus qu'une prise de pouvoir, quand c'est
précisément le "pouvoir" qui engendre la nuisance. La pensée d'Emmanuel
Fournier, qui a pris la forme singulière d'une réflexion sur l'infinitif,
recèle bien des aspects essentiels pour envisager une éthique des pratiques
humaines, qu'elle prenne place dans le cadre (restreint, mais bien révélateur)
de la relation à la maladie et aux soins, ou qu'elle s'exprime dans les actes
du quotidien, dont l'inventaire est établi à partir de la liste des verbes à
l'infinitif. Le titre "Croire devoir penser", premier livre de Fournier en
1996, en fait comprendre tous les enjeux. Le livre est préfacé par Jean-
Christophe Mino, médecin-chercheur qui travaille (et a écrit plusieurs
articles) sur les soins palliatifs et les questions liées aux études
médicales. Il avait co-signé avec Emmanuel Fournier Les mots des derniers
soins. La démarche palliative dans la médecine contemporaine, Belles-Lettres,
2008. Emmanuel Fournier (1959), philosophe poète et professeur d'éthique
médicale à la Pitié Salpétrière, a disparu brutalement en mars 2022 à l'âge de
63 ans, laissant ce dernier écrit qui vient s'ajouter à la longue liste de ses
publications dans différents domaines. Il a publié à L'éclat plusieurs
ouvrages depuis Croire devoir penser (1996) ou Insouciances du cerveau (2016),
jusqu'à sa Philosophie infinitive, reprise dans L'éclat/poche en 2018.
Signalons également : Les mots des derniers soins (Belles Lettres, 2008), La
fabrique du visage (2010) ou Transplanter (2015) chez des éditeurs médicaux.
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