Un médecin devant son temps

Ces chroniques, échelonnées de 1948 à 1972, parurent à l’occasion d’une actualité dans Le Figaro. Jean Delay souhaitait les réunir et se proposait de l’intituler L’Esprit de suite ou Un médecin devant son temps.


Né à Bayonne en 1907, mort à Paris en 1987, Jean Delay a concilié toute sa vie une double vocation d’écrivain et de médecin. Docteur en philosophie et interne des hôpitaux à vingt et un an, il s’orienta vers la neurologie et la psychiatrie. En humaniste, il essaya de réunir des
disciplines qu’on séparait et de lutter contre la parcellisation du savoir. La diversité de ses travaux sur la mémoire, l’humeur, les ondes cérébrales et la psychologie, ses chroniques, ses préfaces critiques en témoignent.
Désigné comme expert français au tribunal de Nuremberg en 1945, il est nommé l’année suivante titulaire de la chaire des maladies mentales et de l’encéphale de la Faculté de médecine de Paris ainsi que médecin-chef du centre psychiatrique Sainte-Anne. Les divers laboratoires qu’il crée alors avec son équipe expérimentent toutes les nouvelles techniques contre les troubles mentaux : de l’électrochoc aux explorations du subconscient par la narco-analyse jusqu’aux chimiothérapies. C’est lui qui, en pionnier de la psycho-pharmacologie, établit la première classification des médicaments neuroleptiques.
Il fut élu à l’Académie de médecine en 1955 et à l’Académie française en 1959.
De grandes amitiés littéraires, avec André Gide et Roger Martin du Gard notamment, ont accompagné sa vie d’écrivain. Après une trilogie romanesque consacrée au monde gris de la Salpêtrière qu’il connaissait bien, il inventa deux genres littéraires : la psychobiographie,
avec La Jeunesse d’André Gide, et la sociobiographie avec la suite, en quatre volumes, d’Avant Mémoire.