Suivez-nous
Histoire du CNRS de 1939 à nos jours / une ambition nationale pour la science, une ambition nationale pour la science
EAN13
9782200345532
ISBN
978-2-200-34553-2
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
DD.HISTOIRE
Nombre de pages
430
Dimensions
2,4 x 1,6 cm
Poids
872 g
Langue
français
Code dewey
509.44
Fiches UNIMARC
S'identifier

Histoire du CNRS de 1939 à nos jours / une ambition nationale pour la science

une ambition nationale pour la science

De

Édité par

Armand Colin

Dd.Histoire

Indisponible

Ce livre est en stock chez un confrère du réseau leslibraires.fr,

Cliquez ici pour le commander
Prologue?>Pourquoi le CNRS ??>LE CNRS EST CRÉÉ par un décret du président de la République Albert Lebrun le 19 octobre 1939. D'emblée, le contexte retient l'attention. En effet, lorsque le texte paraît dans le Journal officiel, la France est déjà en guerre depuis près de deux mois. La facilité déconcertante avec laquelle la Wehrmacht, forte d'une supériorité technique et mécanique redoutable, s'est emparée de la Pologne, laisse présager une guerre totale. Celle-ci nécessite une mobilisation de tous les moyens de la nation. Et la science ne fait pas exception. Faut-il pour autant faire de ce contexte un élément déterminant, voire le seul élément pour expliquer la naissance du Centre ? Rien de moins sûr.Certes, l'initiative semble venir de l'État. Un État qui, pressé apparemment par les nécessités du moment, entend tirer « un rendement plus élevé» de la recherche nationale1. En d'autres circonstances, l'expression de cette attente n'aurait pas manqué de provoquer l'émoi de la communauté scientifique. Varsovie tombée, la crainte de voir l'Allemagne concentrer son effort de guerre à l'Ouest, alors qu'elle est toujours liée à l'Union soviétique par un pacte de non-agression, fait cependant taire les oppositions. D'ailleurs le décret ne porte-t-il pas également la signature d'Édouard Daladier qui, outre ses fonctions de président du Conseil, cumule également celles de ministre de la Défense nationale, de la Guerre et des Affaires étrangères ? De plus, le texte n'est-il pas placé sous les auspices de la loi du 11 juillet 1938 « sur l'organisation générale de la nation en temps de guerre », votée quelques mois après l'Anschluss et en pleine crise des Sudètes ? Un journaliste de Paris-Midi propose à l'époque une comparaison révélatrice : la mobilisation des laboratoires français équivaudrait à la constitution d'un nouveau régiment2. Pourtant, au-delà de ce contexte, de cette urgence à préparer la France au conflit, il convient de noter que le CNRS n'est pas une fondation ex nihilo. L'intérêt que l'État porte à la coordination de la recherche est ancien. La IIIe République a déjà fait de nombreuses tentatives dans ce sens. Ainsi, si le nouvel organisme apparaît bel et bien comme une création originale, il reprend aussi un héritage, s'inscrit dans une continuité. En outre, en 1939, la mobilisation des laboratoires est antérieure à la fondation du Centre, qui ne fait que reprendre une organisation déjà en ordre de marche.Un héritage : la « préhistoire » du CNRS?>Longtemps, la thèse d'une marche vers le CNRS a prévalu. Comme si, depuis le début du XXe siècle, la recherche française avançait résolument et sans changer de cap vers la terre promise d'un organisme centralisé et épousant toutes les disciplines scientifiques. Cette opinion a en particulier été défendue par des scientifiques soucieux de voir se renforcer le rôle de l'État dans le financement et le pilotage de la recherche. Il est vrai qu'aujourd'hui encore la tentation du déterminisme peut être forte lorsque l'on observe la « préhistoire » du Centre. Celui-ci regroupe en effet toutes les institutions antérieures, qu'il s'agisse de caisses finançant la recherche, ou d'offices visant à la conduire.La plus ancienne des caisses remonte à 1901. Il s'agit de la CRS (Caisse des recherches scientifiques). Elle constitue le premier dispositif national d'aide à la recherche en France. Son inspirateur, le député et sénateur de Roanne Jean-Honoré Audiffred, y voit le moyen d'« aider les savants capables de réaliser les découvertes appelées à délivrer l'humanité des fléaux qui la déciment ». Il ne faut toutefois pas y lire une volonté cohérente et organisée conduisant le monde parlementaire à se préoccuper de la recherche scientifique. Michel Pinault, qui s'est livréà une excellente analyse des conditions de création de la CRS, le montre bien en expliquant qu'« aucun plan d'ensemble ne pouvait être formuléà propos de questions dont personne n'entrevoyait l'ampleur des implications et les développements à venir. C'est au contraire dans un ancrage étroit dans les préoccupations du moment – catastrophes minières, crise du phylloxera, lutte contre les épidémies, traitement des eaux, hygiénisme – et par étapes, sous la pression des intérêts les plus divers, ceux des agriculteurs, des industriels, des urbanistes et, pourquoi pas, ceux des universitaires, que des éléments de politique en matière de recherches scientifiques se mirent en place »3.
S'identifier pour envoyer des commentaires.