Le Monde souterrain

Difficile à concevoir, difficile à percevoir, difficile à représenter, le monde souterrain est le refuge de tous les mystères de la révélation mais aussi bien le lieu hanté de tous les vices et de toutes angoisses. Ses profondeurs apparaissent tout au long de l’histoire de l’homme comme une sorte de projection de l’inconscient collectif du monde d’en haut. La perception qu’il en a, les représentations qu’il s’en donne n’en sont pourtant le plus souvent que le reflet déformé, la caricature souvent grimaçante, l’ombre étirée sur un fond irrégulier de ce qu’il considère comme son monde réel, celui d’en haut. A moins que ces représentations ne soient aussi le fruit d’une mémoire morte, celle d’un monde oublié autrefois peuplé de géants, de monstres et autres images floues et archétypales, tant notre rapport avec l’univers souterrain est plusieurs fois millénaire. Plusieurs fois millénaire et pourtant marqué du sceau du mystère : notre connaissance du sous-sol de notre planète, au plus profond, est paradoxalement bien moins avancée que celle de l’espace L’intervention des civilisations dans le sous-sol est fonction de leur avancée. L’homme y conçoit autant qu’il y trouve des espaces pour se les approprier ou pour les exploiter : aux nécropoles et à l’habitat troglodyte succèdent des techniques de conservation, d’extraction des richesses minières, des aménagements de réserves, d’archives, de réseaux d’égouts, de canalisations, de câbles, de circulation ferroviaire puis automobile, des systèmes militaires de mines, de redoutes, de bases, de silos, jusqu’au déploiement urbanistique des centres commerciaux et des villes souterraines comme à Osaka oui à Montréal. Chacune de ces exploitations engendre à son tour un matériau imaginaire et des mythes graphiques, littéraires, cinématographiques, aussi vrai que le monde souterrain constitue un tout, avec ses réalités et ses fantasmes qu’il faut appréhender comme tel. C’est ce double visage qui est étudié systématiquement à travers les neuf thèmes qui rendent comptent de cet univers : Les abysses - la germination - la création - le développement de la vie - l’extraction - la conservation - la destruction - la circulation - l’enfermement. Pour rendre compte de la manière la plus complète de cette appropriation physique et imaginaire du monde souterrain, chacun de ces thèmes fait l’objet d’une triple approche : celle du sens ou du mythe : comment perçoit-on le monde souterrain ? Celle des techniques : comment l’exploite-t-on ? Celle de sa transmission : comment le représente-t-on, à travers des références visuelles, plastiques, littéraires, cinématographiques ?