Tout le programme est dans le titre : trois histoires, sans lien entre elles, qui se terminent bien. Le charme espiègle de l'univers de Lucie Bryon opère merveilleusement, bien rodé, jovial sans être niais. C'est LA bande dessinée pour chasser la morosité ambiante!

Nul besoin d'être aficionado de Tchekhov pour suivre Rancière dans cette réflexion sur la liberté et la servitude. Car si les personnages de l'auteur russe servent d'exemples, c'est au nom de la mise en lumière de ces concepts universels. Et c'est le génie de Rancière que d'en traiter dans une langue claire qui nous encourage à comprendre, à tisser des liens, à céder à sa propre curiosité. Un livre magnétique.

En critiquant la notion de privilège blanc au profit de celle de domination blanche pour expliquer combien les rapports de pouvoir dans nos sociétés sont nourris de dynamiques raciales, les autrices dressent un état des lieux fort bienvenu sur la question. Convoquant entre autres les figures de W.E.B. Du Bois et de Charles W. Mills, dont elles contribuent à synthétiser les pensées, elles signent ici un ouvrage raisonné et d'une remarquable clarté. Un livre important.

À contre-courant de cette littérature qui aime célébrer les héros anonymes, ce roman très sombre court-circuite les frontières entre courage et lâcheté, entre sauver sa peau et dénoncer impunément. Dans un pays en guerre où les alliances fantoches sont les seules amitiés possibles où le seul plaisir à tirer réside dans la violence, survivre est un acte qui requiert justification. Tous les personnages en font ici l'expérience - et nous avec eux. Roman sombre, donc, mais éloquent.

Conte cruel où les comptines sont les véhicules de malédictions, les odeurs, des témoins du passé, et tout ce dont on se vêt, prétexte à la dissimulation et au mensonge, ce roman est une merveille d'une rare puissance évocatrice. À la fois charnelle et glaçante, l'écriture de Marie-Hélène Poitras secoue, remue, rudoie. Ici, la vérité se paie avec le sang des héritages qui la portent. Et on y goûte.