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Une enquête du commissaire Adamsberg

J'ai Lu

8,80
Conseillé par
10 juin 2013

Fred Vargas à la tête d'une armée furieuse

Il y a d’abord l’intrigue, ou plutôt les intrigues, subtilement ficelées, ce qui est la moindre des politesses pour un « rom pol » (appellation d’origine contrôlée Fred Vargas). Et puis déboulent les personnages, qu’elle aime comme des amis et auxquels elle ne supporte pas de faire de la peine. Une troupe de bras cassés, tous plus truculents les uns que les autres, qu’ils soient du bon ou du mauvais côté de la loi. Avec une mention spéciale pour le commissaire Adamsberg, au charme duquel il est difficile de ne pas succomber, malgré sa propension à se disperser. Ce personnage devenu récurrent a permis à Fred Vagas de passer de l’auteure de polars confidentiels au statut de tête de gondole. Il est flanqué d’un adjoint alcoolique (Danglard) mais si cultivé qu’on lui pardonne ses excès, et d’un autre oiseau au plumage bicolore (Veyrenc a les cheveux bruns et une mèche rousse) rédigeant ses rapports de police en vers. Enfin, il y a l’écriture, qui depuis la parution de ses premiers livres dans les années 90, reste sa vraie marque de fabrique. C’est d’ailleurs à la mise en mots savoureux et autres expressions inventives qu’elle consacre le plus de temps et d’énergie. Et tant que la musique ne sonne pas juste à son oreille, éditrice, libraires et lecteurs sont bien obligés de patienter.

Ses romans naissent toujours d’une image : un arbre, une petite annonce, un cerf, des pieds coupés dans des chaussures. Cette fois, tout a démarré d’un titre, « L’armée furieuse », déniché dans une légende du Moyen âge et tellement joli et insensé, que la romancière n’a pas pu résister. Lorsqu’on croise cette armée sur son chemin, cela annonce drames et morts. Alors quand Lina affirme l’avoir vu passer, avec quatre hommes en train de crier, Adamsberg a beau ne pas croire aux revenants, il accepte de se rendre sur place, à Ordebec. Et ensuite ? A ce stade-là généralement, Fred Vargas constate que son histoire la précède, essaie de ne pas la perdre en route, et ne sait toujours pas comment elle va sortir Adamsberg de ce guêpier. Pourtant, elle y parvient. A chaque fois, en 21 jours, pas un de plus, son enquête est bouclée. Et après, pour fignoler la « bande-son », elle quitte Paris, histoire de mettre ses dialogues au diapason, de jouer de la métaphore sans en abuser. Parce que c’est bien joli de se retrouver avec une armée moyenâgeuse composée de revenants, avec des morts brutales et des suspects à la pelle, mais il faut cela tienne la route dans le monde d’aujourd’hui, que sous ces aspects un peu surnaturels se cachent de solides mobiles, que derrière les fantômes se tiennent des assassins en chair et en os. Avec elle, on se ballade dans toute la France, on visite des lieux qu’elle connaît à peine, mais qu’elle rêve si bien, qu’elle leur donne une réalité, la sienne. Cette archéologue, spécialiste des ossements humains et très fière de son essai sur la peste, a peu à peu délaissé les fouilles du CNRS pour plonger dans les sous-sols de l’âme humaine, parfois bien plus mystérieux que ceux de Paris.

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La cuisine des hippies en 40 recettes

Alternatives

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7 juin 2013

La cuisine des hippies

Drôle de livre vraiment, à la fois recueil de recettes végétariennes sympathiques et saines, et évocation nostalgique du mouvement hippie. Les photos très " flower power ", les notations musicales planantes, morceaux de Jefferson Airplane ou de Neil Young, les insertions d'interviews de Sherri Cavan, professeur en sociologie et spécialiste de la culture hippie, en font un objet tout à fait original, un peu brouillon, entre le militantisme et la célébration d'une époque où tout semblait possible...

A offrir seulement à un nostalgique des années 70 qui regrette de ne pas avoir opté pour le retour à la terre ou à une « fashion victim » qui sera séduite par les longs cheveux crantés et les jupes de gitanes. Les recettes, elles, sont un peu simplettes ...

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Conseillé par
7 juin 2013

Ramina Grospoil, la reine du balai

Ramina Grospoil est une sorcière qui a la particularité d’avoir un gros poil sur le nez ! Depuis qu’elle est enfant, elle est sujet à moqueries à cause de ce poil qui même lorsqu’elle décide de l’arracher repousse aussitôt.

Un jour, elle reçoit une invitation pour le bal des sorcières. Elle se réjouit et se met en route pour rejoindre le lieu des festivités. Lorsqu’elle arrive, toutes les autres sorcières des alentours se moquent d’elle, une fois encore à cause de son poil au nez . Vexée, elle repart déprimée. La doyenne des sorcières, prise de remords, décide de la rattraper pour s’excuser mais elle est capturée  par des villageois haineux qui veulent la brûler sur la place de village. Ramina Grospoil, qui voit la scène de loin, décide d’aller à son secours mais elle doit faire vite. Elle récupère plusieurs de ses poils de nez, les accroche au bout d’une branche d’arbre : le balai magique est né !

Elle peut donc aller sauver la sorcière en danger. Ramina est remerciée et encensée par toute la communauté de sorcières. Depuis lors, Ramina est débordée … Elle a créé une usine de balais. Et toutes les sorcières l’appellent désormais Ramina la Reine du Balai.

C’est une histoire mignonne et rigolote autour de la figure mythique de la sorcière mise en valeur par de beaux  dessins aux couleurs pastel.

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7 juin 2013

Chronique italienne

La scène d’ouverture de ce livre est sidérante. Nous sommes le 25 juillet 1943 à Riccione, station balnéaire huppée près de Rimini, en Italie. La narratrice a quatorze ans et, en ce doux soir d’été, joue au tennis avec son amie Anna Maria. Un policier en civil surgit, s’entretient avec Anna Maria qui prévient la narratrice : « Je dois partir tout de suite ».

« Anna Maria était Anna Maria Mussolini, fille de Bénito et de Rachele_, _écrit aujourd’hui Luciana Castellina. Elle avait été ma camarade de classe à l’école primaire et durant les deux premières années de collège ». Si la partie de tennis a été interrompue, c’est parce que « son père avait été arrêté à Rome dans la journée ».

Luciana Castellina est une figure du monde intellectuel italien. Journaliste, fondatrice du quotidien « Il manifesto », elle est aussi une femme politique d’importance, l’un des piliers historiques de la gauche transalpine. Le livre qui vient d’être traduit chez Actes sud a été écrit à partir du journal qu'elle a tenu de 14 à 19 ans, de 1943 à 1948.

Sa " découverte du monde " constitue un document absolument passionnant. Luciana Castellina ne se contente pas de retranscrire ce qu’adolescente elle avait consigné dans son journal. Elle étudie au contraire le document à la façon d’une historienne, analysant ses réactions d'alors, expliquant ce qui n'a pas été noté à l'époque. Retenant les passages les plus marquants du texte, elle extrapole, raconte ce qui s'est passé avant ou après. Le livre propose ainsi un remarquable éclairage sur cette période de la fin de l’ère mussolinienne et les débuts de la république italienne qui se conjugue, pour l’auteur, avec la découverte du communisme, notamment grâce à un séjour en Yougoslavie, et le début de son engagement politique.

Plusieurs anecdotes pleines d’humour traversent ce texte, qui nous rappelle par exemple qu’à la fin des années 40 à Palerme « une femme seule ne peut pas s’asseoir dans un café » ou que prendre le train qui reliait Bari à Messine et ainsi traverser le sud de la Botte « c’était comme se rendre au Far West ».

En filigrane, Luciana Castellina parle aussi de sa famille, de son milieu social, ce qui s’avère tout aussi passionnant. Car sa mère appartenait à la grande bourgeoisie juive triestine, héritière d'une culture très Mitteleuropa, à laquelle on ne pense pas forcément lorsque, de ce côté-ci des Alpes, on évoque l’Italie, alors qu’elle en est une de ses composantes.

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6 juin 2013

L'Afrique du sud au scalpel

Après l’émouvant « Jours d’enfance » et le très remarqué « La Dactylographe de Mr James », Michiel Heyns confirme avec « Un passé  noir et blanc » son entrée comme l’un des très grands noms de la littérature sud-africaine.

Peter Jacobs, retourne sur ses terres natales.  20 ans plus tôt, il a quitté l’Afrique du Sud pour échapper à la conscription et faire ses études en Angleterre où il est devenu un journaliste indépendant.

Une histoire familiale le ramène dans le bourg poussiéreux d’Alfredville. Sa cousine, la très belle Désirée, a été assassinée et tout semble désigner comme son meurtrier son époux, le puissant chef Noir de la police, Hector Williams. L’union d’une Blanche lettrée avec un activiste de l’ANC avait à l’époque tout pour scandaliser les Afrikaners, majoritaires dans cette ville. Mais la  société post-apartheid  que retrouve Peter est bien différente de celle qu’il a connue.  Il peine à reconnaitre ses copains d’école. La vie et la violence sont passées par là et même son ami d’enfance, le très enjoué Bennie s’est mué en un homme perturbé qui a du mal  à « supporter les difficultés de l’âge adulte ».  Le journaliste est aux prises avec  les fantômes du passé et son existence londonienne disparait sous les vagues de chaleur et l’atmosphère singulière de l’Afrique du Sud. De rencontres en discussions, l’enquête progresse et Peter réalise que le coupable n’est peut-être par celui que l’on croit. Mais les stéréotypes  ont la vie dure.  La vérité finit par éclater révélant la complexité de tous les personnages de ce récit très réussi.

«  Un passé en noir et blanc » ne se résume pas à un simple thriller, c’est une peinture au scalpel d’un pays en pleine mutation,  tiraillé entre les préjugés raciaux des années apartheid et les élans de la société arc-en-ciel. Les clivages sociaux, la corruption, la violence sont évoqués  sans complaisance. D’une plume alerte où le fameux humour « britannique » n’est pas absent,  Michiel Heyns  croque avec acuité et tendresse ses personnages. Nostalgie,  sensibilité baignent ce texte très attachant et brillant que l’on quitte à regret.

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