Il court à l’instinct, vite, très vite même. Il débarque de nulle part et sur la piste affole les chronos. Après moins d’un an d’entraînement, voilà Toumany Coulibaly sacré champion de France du 400m, une consécration pour ce jeune athlète de banlieue à la sincérité désarmante.
Patricia Girard dira de lui qu’il est un athlète hors normes. Par ses qualités physiques c’est sûr, parce que Toumany se retrouve aussi trop souvent dans les embrouilles, les casses à répétition qui le conduisent derrière les barreaux. C’est là qu’il rencontre le journaliste Mathieu Palain, intrigué par la trajectoire du sportif. Mais ce livre n’est pas une enquête, pas un roman, c’est l’histoire d’une amitié qui se lie au fil des parloirs, deux hommes qui se confient l’un à l’autre en toute sincérité. C’est l’histoire d’enfermement, de solitude, de volonté, de défis à relever. C’est une écriture, aussi fluide que la foulée de Toumany, calquée
sur la cadence de son tour de piste... Explosif !
Avec la permission de Gandhi
Une enquête du capitaine Sam Wyndham
De Abir Mukherjee
Traduit par Fanchita Gonzalez-Batlle
Folio
En cette fin d’année 1921 au QG de Lal Bazar, la police se prépare à affronter le pire. Dans quelques jours le prince de Galles sera officiellement reçu à Calcutta où, encouragés par Gandhi depuis plusieurs mois, grèves, boycotts et démissions se multiplient. Afin d’éviter
tout débordement, le chef Taggart ordonne au capitaine Wyndham et au sergent Banerjee de surveiller de près les hommes de Gandhi. Difficile de mener à bien cette mission quand plusieurs meurtres sont commis en quelques jours. Le mode opératoire semble identique mais les victimes n’ont rien en commun...Wyndham, toujours en proie à ses addictions, tente tant bien que mal de garder les idées claires. Vengeance, trafic, mobile politique, les pistes se multiplient mais le temps presse, dans les rues de Calcutta la colère du peuple opprimé gronde de plus en plus fort.
Entre forêt et lac, au bord du Pekuakami, c’est là que tout commence. Un monde de liberté, rude, authentique où la chasse et les saisons dictent le rythme de la vie des Innus. Une vie de nomade qu’Almanda adopte à 15 ans quand elle croise le chemin de Thomas, le jeune indien.
Mais ce monde enchanté peu à peu devient menacé. L’arrivée des colons rompt l’équilibre de la communauté. Bouleversements écologiques et économiques, sédentarisation forcée, c’est le terrible sort, au Québec comme ailleurs, qui attend les tribus autochtones.
Marqué par le courage, la volonté et le destin follement romanesque de son arrière-grand-mère, sa kukum Almanda, Michel Jean a choisi d’en faire l’héroïne de son roman. Par son histoire, c’est la voix et la mémoire de tout un peuple qu’elle nous fait entendre
Banlieue de Philadelphie, milieu des années 50. Une imposante demeure de style néo-classique. Trois étages, un immense hall en marbre, une salle de bal où résonne encore le souvenir des fêtes dignes de Gatsby et, clou du spectacle, les portraits au salon d es Van Hoebeek, famille hollandaise ancienne occupante des lieux.
C’est dans ce décor somptueux que Danny, le narrateur, et sa sœur aînée Maeve grandissent, entourés d’un père distant et de leur personnel de maison, leur mère s’étant enfuie du jour au lendemain des années auparavant... Quand leur père meurt subitement et que leur belle-mère décide de les chasser de chez eux, le frère et la sœur voient leurs souvenirs brutalement arrachés. Pendant des années, Danny et Maeve vont ressentir ce besoin viscéral de revenir, comme deux pèlerins, vers la maison des hollandais, incapables de laisser leur passé derrière eux.
Ann Patchett traduit remarquablement ce sentiment très fort d’attachement aux lieux, gardiens de nos souvenirs d’enfance, comment ils affectent les rapports humains, bouleversent les histoires familiales, forgent les identités.
“Un blessé, une frondeuse, un inadapté et un sorcier”
Et si les pierres pouvaient parler, témoins privilégiés de nos vies, elles nous raconteraient l’histoire de cette fratrie à l’épreuve de la différence.
Au cœur de ce hameau cévenol où la nature se veut souvent bienveillante, parfois menaçante, les frères et sœur de “l’enfant” lourdement handicapé vont se confronter à l’ambivalence de leurs sentiments. L’amour protecteur de l’un, le rejet de l’autre et les leçons de vie que cet enfant si fragile va transmettre à chacun. Et s’il suffisait de fermer les yeux pour mieux voir...