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Bienvenue sur le site de votre librairie L'Ecritoire à Semur-en-Auxois. Romans, livres pour enfants, manuels... Vous pouvez commander tous vos livres en ligne ! Il y a quelque chose de la caverne d'Ali Baba, ici. Avec plein de coins et recoins. Bonheur de la librairie, dite « générale » ! Les albums d'animaux mordillent ceux consacrés au jardinage. Loi des séries, la noire fait de l'œil à la blanche. Curieux hasard des rayonnages, tous un peu chantournés. Des livres pour enfants au Goncourt en passant par les mangas on trouve de tout à l’Écritoire !

Conseillé par (Libraire)
5 décembre 2023

"La fuite hors du monde, en des temps sombres, temps d’impuissance, peut toujours se justifier tant que la réalité n’est pas ignorée, mais constamment présente et reconnue comme cela dont il faut s’évader". Hannah Arendt, citée par Marco Martella.

Sommes-nous encore habités par cette humaine capacité à la flânerie, à la nuance légère, au pas de côté ? Sommes-nous encore éthiquement autorisés, philosophiquement capables d’aborder, candides, une simple promenade, dans un temps retiré du monde, quand vient sourdre à nos oreilles les sirènes du chaos, de l’horreur et de la confusion ? "Serait-ce par paresse", comme dirait le philosophe Denis de Casabianca, qu’on aborde les véritables ascensions ?

Il faut le croire, quand une telle proposition déambulatoire s’accompagne d’un objectif que le feu qui nous encercle rend aujourd’hui quasiment inatteignable, objectif que l’on se refuse pourtant à volontariser, récompense aléatoire, qui s’agrège au fil de notre détachement et de notre acceptation, précieuse friandise, délicieusement enveloppée, "fruit étrange de la consolation", cher à Rilke.

On pourrait dès lors s’attarder sur une homonymie, qu’un Des Esseintes n’aurait pas reniée. Est mirobolant, cet usage ironique de la merveille, est myrobolan ce fruit sauvage et oublié, commun aux prunus et badamiers qui couvrent de leurs floraisons précoces les sentiers et les jardins de curé. Seuls la curiosité, le goût de la rencontre et la foi dans la littérature rendront compte de ce décalage offert par l’image de cette simple prune astringente et desséchée, rendue pourtant comestible à tous les lecteurs et jardiniers par sa puissance de révélation.

C’est donc depuis la vision étrange et inédite de cette épaisse floraison blanche et sucrée, chassée dans la morne Brie par son arpenteur le plus amoureux et le plus étranger — notre jardinier ayant délaissé les collines de Toscane pour l’horizon sans limite de ses champs cultivés — que s’ouvre ce journal de rencontres, cette suite de haltes en compagnie d’êtres suspendus, magiques et attachants, veilleurs silencieux, gardiens parfois facétieux des mots, des cycles et des bordures. Ici, c’est Beckett que l’on traque jusque devant la façade anonyme de son morne pavillon à Ussy, là c’est Proust que l’on invoque, à Saint-Loup (autre homonymie), dans les méandres du jardin voluptueux de Violet Trefusis, extravagante maîtresse de Vita Sackville-West. Et puis c’est autant de Ferdinand Cheval que d’inconnus mémorables que nous surprendrons dans leurs "environnements spontanés et chimériques", scribes attachés à rendre compte de l’écoulement patient du temps, facteurs des archives secrètes et des transmissions cachées, fantômes, ou passagers clandestins parfois, héritiers malheureux des furieuses transformations du monde.

"… parce que quand je me mettais à jardiner, la vie, pour une raison que je n’avais jamais comprise, me paraissait une chose simple".
Marco Martella est jardinier, c’est-à-dire écrivain.

Conseillé par (Libraire)
12 janvier 2023

Le Chemin de Fer nous avait déjà habitué à ses wagonnets de pépites, et le Prix Mémorable vient ici en couronner une des plus étincelantes, longtemps cachée au fond d’une mine tenue secrète que nos éditeurs ravivent sans relâche. Grâce à eux, nous avions redécouvert la stridence poétique et l’audace formelle de Béatrix Beck, d’Albertine Sarrazin, de Violette Leduc, de la mystérieuse Laure ou encore d’Annie Saumont. Nous voici ici étourdis par la farouche liberté qui se dégage de la balade hallucinée de « Renata ». Alors « n’importe quoi », ou encore l’air de rien, cette immense œuvre, salutaire et moderne, initialement parue en 1967, se recompose pour notre époque. Et rien n’en entravera l’indispensable déploiement, pas même la ponctuation que Catherine Guérard jugeait déjà trop racornie pour en conserver les poussiéreuses contraintes. Le souffle ainsi délié de notre candide et arrogante héroïne, sa course, aussi folle et bruyante que celle d’un torrent furieux, racontent la blessure et la radicalité d’une authentique résistante, rétive à toute aliénation… « et alors ma liberté à quoi elle m’aurait servi si c’était pour que je m’ennuie ».

Conseillé par (Libraire)
1 novembre 2022

Après "La note américaine" (Editions du Globe), le retour de David Grann et de ses passionnantes enquêtes littéraires. Reportage photographique et journal intime, ce document poétique nous fait voyager en Antarctique, sur les traces d’un véritable héros de notre temps, aventurier humble et furieux, mais méconnu, hanté par la figure tutélaire du grand explorateur britannique Ernest Shackleton. Remuant !

Susan Howe

Ypsilon

22,00
Conseillé par (Libraire)
1 novembre 2022

"Cela faisait des années que je cherchais les mots pour remercier Emily Dickinson de l’inspiration que m’a procurée son audace poétique…" Susan Howe

Ouvrir "Mon Emily Dickinson", c’est aller extraire de la gangue d’une réputation devenue aliénante une des expériences poétiques les plus modernes qui soient. C’est entrer au cœur du langage minimaliste et syncopé d’une femme radicalement traversée par un souffle vital qui se mesure à une angoisse fondamentale. C’est parcourir, en l’effeuillant méthodiquement, l’herbier dissonant de la "nonne d’Amherst" et réinsuffler à chacune de ses captures botaniques la sève des fleurs et des feuilles qu’elle se plaisait à documenter. C’est convoquer autour de cette "reine recluse" l’environnement intellectuel et familial (l’héritage puritain et la rectitude protestante des pères fondateurs des Etats-Unis) et le contexte historique (la violence et l’ambiguïté de la guerre de Sécession) dont elle est un avide et sauvage réceptacle. C’est corriger une erreur persistante commise par ses pairs – tous masculins – qui, si tant est qu’ils eussent pu les décrypter, se savaient confusément menacés par l’ampleur et l’audace créatives de celle qui, depuis, est devenue l’une des figues les plus rayonnantes de la poésie anglo-saxonne. "L’oreille consciente" d’Emily Dickinson est ici rendue à sa puissance de contamination et c’est bien en poète que Susan Howe, abreuvée et reconnaissante, ramasse son enquête érudite à la "circonférence" d’une œuvre qui se déploie en révélations aussi lumineuses qu’insaisissables.

"Ma Vie passa – Fusil Chargé – " Emily Dickinson

Ana Maria TORRES

La Grange Batelière

15,00
Conseillé par (Libraire)
10 octobre 2022

Terra Fria est un récit puissant et ramassé qui puise dans la mémoire, au prisme d’une double confession intime et poétique. Derrière ce que l'on devine comme un retour d’expérience sur l’immigration portugaise en France, liée à la pauvreté, à la lente disparition du travail, au dénuement et à l’abandon forcé de certains modes de vie, s'y révèle par capillarités la profonde tristesse d'un exil rendu à une forme de banalité. L'écriture charrie les sentiments les plus contradictoires, autorise les règlements de compte, s’attarde sur la question du choix mais capte aussi tous les émerveillements qui jaillissent de cette terre rude et silencieuse. Terra Fria devient alors aussi une évocation solaire, presque aveuglante, de l’enfance, cet Eden, dont l'incandescence force l'éloignement, qui nous ouvre à la contemplation et donc à la résistance face à la dureté.