"... les hakapiks, ces longs bâtons de bois, ornés d'une tête de marteau et d'un crochet conçus expressément pour la chasse au loup marin."

Ce polar québécois totalement dépaysant nous fait voyager sur les rives de la Gaspésie, région aux paysages grandioses sublimés par la plume empreinte de poésie de Roxane Bouchard. Il nous emporte jusqu'à la dernière page dans une enquête passionnante et originale dans le monde difficile de la pêche aux phoques, sa règlementation et ses enjeux économiques locaux.
L'intrigue s'étoffe d'une analyse psychologique subtile et profonde des personnages principaux, nous offrant de magnifiques et très touchants passages de réflexion sur les relations humaines et la vie de couple.
Un très très gros coup de coeur pour ce polar marin, qui joue avec maestria autant avec les mots qu'avec nos nerfs.

Stuart Turton a décidément un don pour les scénarios les plus fous: après le succès amplement mérité des "Sept morts d'Evelyn Hardcastle", qui nous faisait revivre avec malice Un jour sans fin dans le décor d'un manoir anglais, l'auteur imagine ici une énigme sur fond de futur post apocalyptique. Dans un monde où l'homme a œuvré à sa propre destruction., seule une petite communauté réfugiée sur une île lointaine a survécu, Un meurtre vient remettre en question l'équilibre apparent retrouvé par ces miraculés. L'ambiance nimbée de fantastique nous submerge de mystère dés les premières pages, et j'avoue avoir eu grand peine à reposer ce livre avant de l'avoir terminé. Bref, une intrigue des plus prenantes qui sollicitera vos méninges et votre mémoire pour dénouer les fils de cet écheveau littéraire à l'imagination débridée! Pour les lecteurs prêts à suivre Agatha Christie et Sherlock Holmes dans l'univers de Lost...

Armand est un père aimant, épanoui et attentionné. Avec son épouse Birke, femme à l'insolente beauté, ils forment un couple branché, radieux et équilibré. Miranda, leur fille, semble avoir grandi à l'ombre de ces deux êtres lumineux et renvoie une image bien grise. L'un après l'autre, Armand, le "bon vivant", puis Miranda, la "mal vivante", déclament leur monologue, deux confessions, peintures réalistes et extralucides, pour constater quels étranges étrangers nous restons, en dépit des liens du sang et de l'amour qu'on se porte. Mais Miranda, elle, a un pouvoir, et va nous éclairer sur ce fascinant club, celui des enfants qui ne savent que faire du lourd fardeau de leur âme, vouée à une solitude éternelle. Un texte envoûtant d'une hallucinante beauté, une poésie sur le fil du drame qui convoque nos voyages intérieurs et nous laisse à bout de souffle.

Un roman noir d'une étincelante sobriété, où dés le début nous connaissons le coupable du meurtre, celui d'une jeune femme d'une famille de la bourgeoisie de Split, en Croatie. Le récit fait alterner les points de vue de la mère et de la sœur de l'assassin, ainsi que de l'un des enquêteurs. Tout l'intérêt de ce roman n'est donc pas tant dans la résolution de l'affaire que dans la dissection de la psychologie de ces trois personnages, dont nous partageons l'intimité chapitre après chapitre. Un texte emprunt d'une grande pudeur, à l'écriture froide, quasi clinique, mais sombrement envoûtante, et qui décortique le fil des tensions émotionnelles, nous voilà plongés au cœur des doutes et dilemmes des trois protagonistes pour arriver à cette troublante interrogation: "Et moi, à leur place, qu'aurais-je fais?" Un livre au suspense "tranquille" et hypnotique, une douceur oppressante, c'est là la grande force des romans de Jurica Pavicic, dont l'immense talent se confirme ici.

"Joli mois de mai", un titre fort à propos pour cette enquête sous la grisaille écossaise, la cinquième de l'inspecteur Harry McCoy, l'homme de loi que la vue du sang insupporte. Dix jours d'une course contre la montre aux multiples rebondissements, au cours de laquelle McCoy, à peine remis d'un ulcère à l'estomac, devra user de méthodes pas toujours recommandables pour trouver les coupables.
Un excellent polar et roman social à l'atmosphère toute de gris vêtue dans les bas-fonds du Glasgow des années 70. FORMIDABLE!