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Évelyne L.

Conseillé par (Libraire)
29 avril 2019

Coup de coeur d'Evelyne

Haro sur l'administration et ses règles absurdes ! Tel est, semble-t-il, le projet un rien démago d'Isabelle Sapota  ; et pourtant, regardez-y de plus près car c'est une enquête fouillée et un travail de fonds sur l'administration comme arme laissée aux agro-industriels pour modeler notre agriculture, notre économie, nos paysages et notre société à leur main.
Isabelle Saporta accumule les exemples cocasses et drôles mais derrière le rire se dissimule l'angoisse d'une France qu'on abandonne à l'agro-industrie. Comme dans Vinobusiness, qu'elle était venue défendre auprès du public avallonnais il y a deux ans, il s'agit d'une enquête coup de gueule pour tenter de sauver notre agriculture et nos terroirs !

Conseillé par (Libraire)
29 avril 2019

Coup de coeur d'Evelyne

Jean-Philippe Jaworski a la réputation d'être l'un des plus grands auteurs français contemporains de Fantasy et je me demande bien pourquoi : son œuvre est à peine fantastique. On la classerait plus volontiers sur l'étagère des romans de cape et d'épée, si on en avait une, et on dirait de Jaworski qu'il est un grand auteur, tout simplement !
Imaginez qu'Alexandre Dumas ait croisé Machiavel ; imaginez l'Europe médiévale dans laquelle prospérerait une cité, Ciudalia, qui pourrait être Venise à la Renaissance ; et vous obtiendrez l'univers de Gagner la guerre. Endossez maintenant les habits de Don Benvenuto Gesufal, assassin de la célèbre Guilde des Chuchoteurs, à la solde Léonide Ducatore, potentat élu de la République de Ciudalia, mais qui ne serait pas contre une dictature, en sa faveur, après sa victoire contre le royaume de Ressine (qu'on pourrait se représenter sous les traits de l'Empire Ottoman). Cette victoire, Léonide Ducatore la doit en très grande partie à Benvenuto mais s'il fallait le sacrifier pour mettre la main sur Ciudalia, surtout après ce que ce sale type a fait à la fille du podestat... mais peut-être bien que ce podestat a une âme plus noire encore que celle de Benvenuto.
Entre manœuvres politiques, intrigues de pouvoir, actes de bravoures, assassinats sordides, et j'en passe, Benvenuto ne vous épargnera rien ! Un personnage complexe et attachant, malgré son ambivalence, qui vous embarque dans un récit dense et riche en rebondissements, et pourtant, à aucun moment, on ne se perd dans l'univers fouillé et fourmillant de Jaworski.
Si vous n'aimez pas la Fantasy, ce livre est fait pour vous : venez découvrir l'un des meilleurs romans d'aventure depuis Jules Verne, un des meilleurs romans de cape et d'épée depuis Dumas !

Conseillé par (Libraire)
29 avril 2019

Coup de coeur d'Evelyne

Hôtel du grand cerf, c'est l'histoire de Reugny, petit village français coincé à frontière belge, et à la splendeur passée. Comme dans tous les villages, les secrets sont légion ! Comme dans tous les villages frontaliers, tout le monde a traficoté du temps où la frontière était encore active. L'ancien douanier, encore confit de haine pour tous ces trafiquants du dimanche qui l’humilièrent autrefois, c'est-à-dire pour tout le monde en fait, tient des petites fiches (sur des sous-bocks, ça ne s'invente pas !) répertoriant tous ces secrets. Qui mettra la main sur ces fiches deviendra le maître du village car il pourra faire chanter qui il veut ! Chacun au village connaît l'existence de ces fiches et chacun se tient à carreau en espérant échapper à la vindicte de l'inutile douanier qui rumine sa vengeance en buvant des bières. Mauvaise nouvelle : le douanier meurt à la page 2 et chacun se demande qui a mis la main sur ces fameuses fiches et dans quel but. Vous vous dites que ça va être un sacré bordel au village ! Et bien ça va être bien pire à l'arrivée de Vertigo Kulbertus, l'inspecteur au seuil de la retraite, qui voit dans cette affaire l'occasion de redorer son blason, mais aussi de boire des bières à l’œil...
Franz Bartelt est un écrivain prolixe mais discret, de ceux que vous ne voyez jamais à la télé mais qui hante les tables de libraires, caché sous un bandeau coup de cœur. Et il nous revient en très grande forme avec ce roman toujours aussi noir et aussi drôle. Ses incroyables personnages sont solidement campés et tout à fait crédibles. Les situations sont toujours à la frontière de l'invraisemblable mais justes ! Tout l'art de Bartelt est dans cet équilibre mouvant et aussi dans ses dialogues gouailleurs qui donnent toute sa saveur au texte. Son dernier roman est une perle : des situations à la Tarantino avec des dialogues à la Audiard. Un régal !

Conseillé par (Libraire)
29 avril 2019

Coup de coeur d'Evelyne

Trois vieillards se font la belle : ils décident d'enfin mener la vie dont ils rêvaient, débarrassés du poids de la société et de ses contraintes.
L'un se fait passer pour mort tandis que les deux autres se cachent des services sociaux. Tous les trois s'installent entre forêt et lac et vivent de pêche, de chasse et aussi de conserves qu'ils achètent grâce à l'argent du « jardinage » qu'ils effectuent pour un gars qui semble avoir des affaires florissantes quoique pas très légales.
Une tentative d'utopie cocasse et tendre qui nous amène à réfléchir. A la possibilité que nous avons tous de nous ménager un espace privé dans la société qui nous environne. A la possibilité de nous offrir une seconde chance, voire plus, quand on n'a pas su saisir la première.
Un roman, tendre et drôle, parfois dur aussi mais dont on sort optimiste !

Conseillé par (Libraire)
29 avril 2019

Coup de coeur d'Evelyne

Après le Morvan puis les vignobles champenois, après l'Albanie, Sandrine Collette continue son tour du monde du roman noir en partant pour la Patagonie. Nous voici en immersion au sein du ferme de gauchos dirigée par une mère tyrannique dont les seuls employés, ou plutôt esclaves, sont ses quatre fils.
Et nous allons suivre la décadence de cette famille, commencée depuis longtemps, car comment faire face aux superstructures agricoles gérant des milliers de têtes de bétail ? Les petits élevages sont amenés à disparaître, la viande ne rapporte plus assez, ils ont été repoussés dans les terres hostiles et peu généreuses en céréales. La mère décide de ne pas voir, de ne pas renoncer, quitte à laisser ses garçons se mener une guerre impitoyable pour la place de dominant, quitte à laisser son dernier Rafael subir les pires traitements tel le seul objet de distraction dans cette misérable pampa.
Seulement malgré tous les efforts de la mère pour maintenir le joug bien serré, il lui est impossible d'éviter les contacts avec le monde extérieur. Et ces échanges ne sont pas sans conséquence, la fratrie ne peut pas ne pas voir que « les autres » fonctionnent bien différemment, voire pire encore : découvrir que l'espoir existe, et Rafael, si peu armé pour affronter la violence, sera l'un de ses principaux porteurs.

Sandrine Collette nous a déjà démontré sa capacité à nous embarquer dans des intrigues à l'ambiance de plus en plus épaisse. Ne rêvez pas, vous n'y échapperez pas plus cette fois-ci. La richesse des personnages est saississante. Notre auteur nous a aussi habitués à être immergés dans des milieux hostiles, ce roman ne fait pas exception. Et pourtant Sandrine Collette a une capacité à se renouveler absolument étonnante. Il reste la poussière se rapproche encore plus du Nature Writing, en s'écartant du roman noir pour venir flirter avec le roman, tout simplement et avec grand talent. Et honnêtement, Sandrine Collette n'a vraiment pas à rougir devant quelques spécialistes de cette littérature : David Vann, Ron Rash ou encore Pete Fromm pour ne citer qu'eux.