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Manuel H.

Conseillé par (Libraire)
30 octobre 2017

Le personnage et son double

François-Henri Désérable offre un roman intéressant, plaisant à lire et original autour d'un personnage entrevu dans le célèbre roman de Romain Gary, « La promesse de l'aube ». Ce M. Piekielny a-t-il véritablement existé ou n'est-il qu'un personnage inventé, sorti de l'imagination de l'auteur ? Pour le savoir, le narrateur enquête, remonte la trace de ce personnage jusqu'à Vilnius et ce faisant, celle de l'enfance de Romain Gary. Tirant les fils romanesques, il croise ceux de l'Histoire et du destin tragique des Juifs lituaniens durant la Seconde Guerre mondiale. Un roman habilement mené, comme une mise en abîme qui interroge autant la fabrique romanesque des personnages que les ambiguïtés des récits autobiographiques.

prix Wepler-Fondation la Poste

Verticales

18,00
Conseillé par (Libraire)
30 octobre 2017

Troublant

On s'arrêtera sur ce premier roman proposé par les éditions Verticales qui ne cessent de défricher et de rafraîchir la littérature en dénichant ici et là quelques francs tireurs. Avec « Les fils conducteurs », Guillaume Poix est de ceux-là. Son roman conduit dans les pas d'un jeune photographe occidental, mi-reporter mi-artiste, qui a pour ambition de photographier les décharges d'objets technologiques usés que nous déversons dans certains pays du tiers-monde, en Afrique en l'occurrence et de photographier ceux qui survivent du glanage dans ces décharges polluées, puantes, dangereuses, sources de trafics et de violences de toutes sortes et de misère. Deux mondes et deux registres narratifs vont ainsi se côtoyer : celui du photographe, plutôt pleutre, Guillaume Poix se jouant alors d'une mordante ironie et celui de ces enfants glaneurs pour lesquels il invente une fascinante et déstabilisante novlangue, une langue de ferrailleurs à la fois appauvrie et richement imagée. Le regard de Guillaume Poix est acide, drôle et sévère, dérangeant, parfois troublant : il n'interroge pas seulement la question de ces infâmes décharges mais aussi notre propre regard et nos hypocrites indignations.

12,00
Conseillé par (Libraire)
30 octobre 2017

Un imaginaire sans limite

Très remarqué par son précédent roman « Le metteur en scène polonais » paru en 2015 également aux éditions Christian Bourgois, Antoine Mouton confirme avec ce nouveau roman son talent romanesque, sa créativité, ses qualités stylistiques, l'incongruité des situations, son sens du comique glissant bien souvent vers l'absurde, parfois à la folie -mais qui est celle du monde et de la vie- sans compte sa réflexion autour de la langue et du langage. À partir d'un récit enchâssé dans un autre, il nous conduit dans une radicalité, celle du cinéma expérimental. Radicalité également de jeunes gens, amoureux de ce cinéma, mais qui au fil du temps, entrant dans l'âge adulte, se confrontent à des désillusions. C'est à la fois comique et sombre, débridé et maîtrisé, porté par un imaginaire sans limite qui pose assurément les fondations d'une œuvre singulière et significative.

Conseillé par (Libraire)
30 octobre 2017

Une attention particulière

Un homme qui approche de la quarantaine est hospitalisé. Ses souvenirs d'enfance remontent à sa mémoire, se reconstituent par bribes, par évocations d'un lieu -une maison, un jardin, des objets., un mimosa majestueux- et d'une présence, celle de Marinette, turfiste chevronnée, bonne perdante aux petits chevaux et grand-mère du narrateur. Cette évocation de l'enfance, de la relation particulière et attentionnée de la grand-mère envers son petit-fils est belle et touchante. Le tout, et c'est là l'essentiel, est porté par des phrases qui se déploient délicatement, posément, sensiblement, sans jamais se perdre ni perdre le lecteur, offrant de merveilleux effets de contemplation et d'interrogation sur la vie. C'est tout simplement agréable et beau.

Conseillé par (Libraire)
30 octobre 2017

Une relation sensible

En abordant les thèmes de la famille homosexuelle, de l'androgynie et des milieux lesbiens, Jean-Michel Guenassia s'engageait sur un terrain romanesque périlleux tant les débats sur ces sujets sont houleux et les clichés nombreux. Loin de chuter sur ces écueils, il les détourne et les renverse en offrant le roman sensible d'une relation entre un fils adolescent androgyne et sa mère homosexuelle, tatoueuse par ailleurs, forte en gueule aussi mais profondément blessée par son passé, sa jeunesse, sa famille. C'est le roman de l'adolescence, du passage à l'âge adulte, temps privilégié où toutes les questions se posent, où tous les possibles s'entrouvrent et où les blessures peuvent devenir profondes. Que signifie devenir adulte ? Les personnages sont formidables, attachants, les situations bien vues et bien menées, drôles aussi. Quant à savoir pourquoi David Bowie influence la destinée des jeunes filles, laissons à chacun le plaisir de le découvrir...