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Brice F.

19,00
Conseillé par (Libraire)
15 septembre 2023

« J’écris d’une époque
et d’un pays délirants
qui entérinent des lois
punissant de prison
toute femme dont la
grossesse a été inter-
-rompue. D’un endroit
où une moitié de la
population accepte
de n’être bonne qu’à
porter les générations
suivantes et sanction-
née pour y faillir. Il n’en
a cependant pas tou-
jours été ainsi. Moi, je
sais. Je connais l’histoire
effacée et l’effacement de l’histoire. »

Il en est ainsi de ce pays dont on ne dit pas le nom, de cette époque, peut-être un futur proche, entre "La servante écarlate" et "Fahrenheit 451", où le corps des femmes ne leur appartient plus, où la prison sanctionne les interruptions de grossesse, volontaires ou non.
Entre les murs, les murmures donc, les cris de résistance, de revendications, de combats sans cesse recommencés, au nom d'une liberté piétinée et bafouée.
Mais entre les murs, les murmures sont aussi ceux d'une femme, parmi d'autres femmes qui refusent de renoncer à l'insurrection et céder à l'oubli, et se transmettent de mère en fille une histoire cruciale et porteuse d'espoir, celle du procès décisif pour le droit à l'avortement.

Déjà auteure du très remarqué "Trencadis" ( Quidam Editeur ) autour de la personne de Niki de Saint Phalle, Caroline Deyns nous offre un fulgurant récit, puissant et empreint d'une poésie rageuse. Incluse dans une évocation dystopique à la forme audacieuse, la narration chorale du "procès de Bobigny" est remarquable de justesse, et d'une vitalité bouleversante.
MURmur est un texte manifeste, un texte-cri, un poing brandi. Un avertissement aussi, face à une actualité menaçante. Ne rien lâcher, et laisser les mots exploser.

B.

22,50
Conseillé par (Libraire)
1 septembre 2023

" Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant
Pour chasser l'enfant, pas besoin de permis
Tous les braves gens s'y sont mis
Qui est-ce qui nage dans la nuit ?
Quels sont ces éclairs, ces bruits ?
C'est un enfant qui s'enfuit
On tire sur lui à coups de fusil "

Les mots sont de Jacques Prévert, et le poème a pour titre La chasse à l'enfant. Cette chasse à l'enfant, c'est celle qui fut donnée à Belle-Île-en-Mer au soir du 27 août 1934. La chasse à 56 enfants, 56 gamins qui se sont révoltés et ont fuit le Centre d'éducation surveillée de l'île. Autrement dit, une colonie pénitentiaire. Un bagne pour enfants dont les murs glauques abriteront sévices, violences et morts pendant près d'un siècle, jusqu'en 1977.
Ce soir du 27 août 1934 donc, l'île entière fut mise à contribution pour rattraper les mutins, dont les têtes furent mises à prix par les gendarmes. 20 francs de récompense par enfant. Au petit matin, tous avaient été rattrapés. Tous, sauf un.

L'enragé, c'est lui. Celui qui manque à l'appel, celui qui refuse d'abandonner le combat, celui qui court après la liberté, quitte à braver la mer, les gendarmes, la mort. Et peut-être aussi pour "cette tendresse qu'on attend dans la nuit, et qui ne vient jamais".

Deux ans après "Enfant de salaud", son précédent roman, Sorj Chalandon nous offre un grand livre, un livre de lutte, viscéral, empli de rage et de volonté farouche de vivre. Intacte et vive est sa flamme de conteur, ravivant la mémoire de ces enfants abandonnés, orphelins, enfermés parfois dès leurs 12 ans derrière les hauts murs de cette sinistre "colonie".
Un roman où l'on croise des pêcheurs douarnenistes et basques, aussi, et où sourd la rumeur menaçante du fascisme ultra-pyrénéen et des aubes brunes.
Un grand roman oui, qui vient taper dans les creux du ventre et du cœur, vous fait verser une larme et serrer les dents, et vous convainc un peu plus de la nécessité absolue des combats contre les injustices d'hier et celles d'aujourd'hui.
Et pour cela, Sorj Chalandon, merci!

Conseillé par (Libraire)
20 août 2023

Du milieu du XIXe siècle jusqu'à la fin des années 1990, existaient au Canada ce qu'on appelle communément les pensionnats autochtones. Institutions destinées à scolariser, évangéliser et assimiler les enfants autochtones, elles avaient pour but concret de "tuer l'indien dans l'enfant".
Séparés de leurs familles de 6 à 16 ans, on estime qu'environ 150 000 enfants métis, inuits et membres des Premières Nations y ont été scolarisés. Et entre 3000 et 6000 enfants y sont morts.
Les pensionnats se sont en effet révélés des lieux d'oppressions, de violences psychiques, physiques et sexuelles à l'encontre des enfants autochtones, soumis également à des conditions de vie déplorables...

Dans Cinq petits indiens, Michelle Good raconte l'après pensionnat. Dans le quartier de East Vancouver, à la fin des années 60, on va suivre les parcours de vie de Maisie, Lucy, Clara, Kenny et Howie, tentant chacun de leurs côtés, et souvent ensemble, de se reconstruire tant bien que mal après le traumatisme. Et essayant d'en éviter les écueils dramatiques et les conséquences directes : alcoolisme, drogue, prostitution et délinquance...

Un roman choral poignant, servi par une écriture fluide et percutante qui m'a rappelé le Nickel Boys de Colson Whitehead, et une thématique en lien direct avec les enjeux du Festival de Cinéma de Douarnenez de cette année.

À noter qu'il s'agit du premier titre publié dans la nouvelle collection du Seuil, Voix Autochtones, qui s'annonce particulièrement de qualité.

Conseillé par (Libraire)
10 juillet 2023

Court bijou d'une centaine de pages, ce Serpent des Blés est un plaisir cinématographique, ciselé dans la lumière des matins d'été. Dans un instantané sépia, irisé du jaune des blés, du bleu d'une camionnette ou du rouge vif d'un chapeau, se dessinent les contours d'un récit vif et mordant, à la manière de ces serpents qui se glissent entre nos jambes pour disparaître à tout jamais.

Conseillé par (Libraire)
10 juillet 2023

Un matin de 1972 François, dit "Narval", franchit les portes des Chantiers navals de La Seyne-sur-Mer. Là, dans les pas de son père, ajusteur, et le fracas des Machines, la graisse, la sueur, Narval va faire son apprentissage d'ouvrier, d'homme, de camarade. Autour de lui, ils s'appellent entre eux Cochise, Mangefer, Barbe, l'Horloger.
Lorsque brutalement les Chantiers navals ferment, à la fin des années 1980, démarre alors le temps de la lutte, sociale, syndicale. Et plus cruelle encore, la lutte contre l'amiante qui lentement dévore les corps...

Avec pudeur, tendresse et une écriture remarquablement fine et concise, Christian Astolfi chronique ce lent effondrement d'un monde ouvrier, sur quarante ans d'évolution politique et sociale, d'espoirs et désillusions ( je l'ai lu à sa sortie début avril, vous voyez le contexte ? ).
Première publication de la toute jeune et prometteuse maison d'édition Le Bruit du Monde, "De notre monde emporté" est un roman admirable, qui rend hommage à ces vies d'hommes sacrifiées sur l'autel de la productivité, de la "restructuration économique", et du scandale de l'amiante.
À lire absolument.