- EAN13
- 9782081432215
- Éditeur
- Flammarion
- Date de publication
- 14/09/2018
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
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" En achevant ces paroles, elle baissa les yeux, comme si elle eût été
honteuse de m'en avoir tant dit. Malgré le tour sérieux que notre conversation
avait pris sur sa fin, je me souvenais parfaitement du ridicule que Madame de
Lursay avait jeté sur mes craintes. Je la pressai tendrement de me regarder ;
je l'obtins. Nous nous fixâmes. Je lui trouvai dans les yeux cette impression
de volupté que je lui avais vue le jour qu'elle m'apprenait par quelles
progressions on arrive aux plaisirs, et combien, l'amour les subdivise. Plus
hardi, et cependant encore trop timide, j'essayais en tremblant jusque où
pouvait aller son indulgence. Il semblait que mes transports augmentassent
encore ses charmes, et lui donnassent des grâces plus touchantes. Ses regards,
ses soupirs, son silence, tout m'apprit, quoique un peut tard, à quel point
j'étais aimé. J'étais trop jeune pour ne pas croire aimer moi-même. L'ouvrage
de mes sens me parut celui de mon cœur. Je m'abandonnai à toute l'ivresse de
ce dangereux moment, et je me rendis enfin aussi coupable que je pouvais
l'être. "
honteuse de m'en avoir tant dit. Malgré le tour sérieux que notre conversation
avait pris sur sa fin, je me souvenais parfaitement du ridicule que Madame de
Lursay avait jeté sur mes craintes. Je la pressai tendrement de me regarder ;
je l'obtins. Nous nous fixâmes. Je lui trouvai dans les yeux cette impression
de volupté que je lui avais vue le jour qu'elle m'apprenait par quelles
progressions on arrive aux plaisirs, et combien, l'amour les subdivise. Plus
hardi, et cependant encore trop timide, j'essayais en tremblant jusque où
pouvait aller son indulgence. Il semblait que mes transports augmentassent
encore ses charmes, et lui donnassent des grâces plus touchantes. Ses regards,
ses soupirs, son silence, tout m'apprit, quoique un peut tard, à quel point
j'étais aimé. J'étais trop jeune pour ne pas croire aimer moi-même. L'ouvrage
de mes sens me parut celui de mon cœur. Je m'abandonnai à toute l'ivresse de
ce dangereux moment, et je me rendis enfin aussi coupable que je pouvais
l'être. "
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