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Mai 68 : une contre-révolution réussie
EAN13
9782755502541
Éditeur
Fayard/Mille et une nuits
Date de publication
Langue
français
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Mai 68 : une contre-révolution réussie

Fayard/Mille et une nuits

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782755502541
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Pendant la commémoration du 10e anniversaire de Mai, au printemps 1978, Régis
Debray écrit dans le feu des (auto)célébrations un texte vigoureux qui cherche
à dessiller tous ceux qui sont encore/toujours pris dans les « illusions
lyriques » (l’expression est de lui). Il donne son manuscrit à François
Maspero qui le fait paraître immédiatement. Pour résumer succinctement son
propos, il montre que « Mai 68 est le berceau de la nouvelle société
bourgeoise », que celle-ci est déjà advenue, que ceux qui se présentent comme
les « ayants droit » de 68 ont capté pour eux-mêmes les postes dans les
médias, qu’ils sont aux manettes, et que les révolutionnaires romantiques ont
été et sont souvent encore les dupes d’un néo-capitalisme qui a vécu dans ces
événements sa crise d’ajustement : le capitalisme ne pouvait que se conjuguer
qu’avec des mœurs libérales pour franchir une étape… vers le néo-libéralisme
(qu’il nomme néo-capitalisme). En cet épisode de contre-révolution s’est nouée
l’alliance objective entre les libertaires et les libéraux (« la grande
trouvaille de l’après-Mai : le libéralisme économique n’est pas marié avec le
conservatisme social »). La thèse est aujourd’hui assez répandue, et ce depuis
la fin des années 1990. En 1978, elle claque comme un coup de tonnerre. Debray
brise l’intouchable, « c’est vilain de dire du mal de ce qui fut beau » ; il
est inacceptable de déclarer que les « acteurs » d’hier sont des
contestataires en peau de lapin. Ceux qui entendent la charge de Régis Debray
la perçoivent comme venant d’une posture tiers-mondiste : cette pseudo-
révolution au Nord, qui ne bouscule en rien le système capitaliste, passe à
côté de l’enjeu majeur de l’époque – qui est toujours notre actualité :
réduire les écarts avec les pays du Sud, où l’on se bat encore pour une vraie
révolution. En fait, l’auteur décrit assez précisément des logiques et des
lignes de force qui restructurent toute la société post-68 ; il inventorie
toutes les idées qui sédimenteront bien plus tard en une série de dogmes
servant la pensée unique : « moins d’Etat », « la politique ne vaut rien »,
l’écologie et le repli sur l’individualisme, l’éloge des femmes et des
minorités ; l’alignement de l’idéologie française sur l’idéologie américaine,
notamment en matière économique. Par bien des aspects, le texte est séminal,
il est parcouru de quelques visions fulgurantes (la « libération » des ondes
et l’inondation de publicité, demain, de tous les médias). Debray avait vu
juste sur la société qui allait avoir le triomphe éclatant dès le début des
années 1980. Son texte n’a pas pris une ride, et il est plus éclairant que
jamais.
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