- EAN13
- 9782876736887
- Éditeur
- Champ Vallon
- Date de publication
- 08/10/2016
- Collection
- Milieux
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
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Philosophie et musique contemporaine
ou Le nouvel esprit musical
Daniel PARROCHIA
Champ Vallon
Milieux
Livre numérique
-
Aide EAN13 : 9782876736887
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La musique, en tout cas la classique – nous ne le cachons pas –, est morte.
Tout comme l’art – en tout cas l’art classique – est mort. Mais il y a
plusieurs manières de mourir pour l’art – et donc pour la musique. L’une est
de se voir progressivement substituer son propre négatif autodérisoire, dont
la fonction (ludico-critique) est alors d’exhiber ce que nous ne voulons ni
voir ni entendre. L’autre est de mourir à la mode hégélienne, celle qui
consiste à se conserver tout en se dépassant, c’est-à-dire à se «sublimer».
Toutefois, une exception se fait jour. À côté des dérélictions faciles et de
la sublimation diffuse et partout répandue qui fait de l’art d’aujourd’hui un
«art à l’état gazeux», il est encore permis de trouver dans la musique, si
l’on peut ainsi s’exprimer, un noyau solide : les œuvres majeures du xxe
siècle – celles qui relèvent du «nouvel esprit musical» – pointent en
direction d’une théorie axiomatique des espaces sonores, dont les chercheurs
explorent des modèles possibles. L’existence de cette musique «nouménale» nous
a semblé pouvoir inspirer une nouvelle philosophie. Car, si l’art (classique)
est mort, la philosophie (traditionnelle) ne peut pas vivre encore bien
longtemps, sinon de cette vie de mort-vivant qui est celle de l’art
(classique). Nous lui avons cherché un avenir plus heureux, qui la fît
échapper à la pétrification muséale comme à la dégénérescence
communicationnelle. Mais dans une époque où, pour parler le langage du xixe
siècle, la participation de l’activité de l’individu à l’«œuvre totale de
l’esprit» s’est désormais réduite à rien ou presque, nous ne pouvons guère
nous bercer d’illusions. La philosophie, aujourd’hui délocalisée (à l’image
des entreprises multinationales et des produits esthétisés qu’elles
fabriquent), est probablement déjà, elle aussi, à l’état gazeux. Nous avons
tenté, très modestement, de refroidir si peu que ce soit cette transparente
vapeur, d’amorcer, si possible, une légère recondensation.
Tout comme l’art – en tout cas l’art classique – est mort. Mais il y a
plusieurs manières de mourir pour l’art – et donc pour la musique. L’une est
de se voir progressivement substituer son propre négatif autodérisoire, dont
la fonction (ludico-critique) est alors d’exhiber ce que nous ne voulons ni
voir ni entendre. L’autre est de mourir à la mode hégélienne, celle qui
consiste à se conserver tout en se dépassant, c’est-à-dire à se «sublimer».
Toutefois, une exception se fait jour. À côté des dérélictions faciles et de
la sublimation diffuse et partout répandue qui fait de l’art d’aujourd’hui un
«art à l’état gazeux», il est encore permis de trouver dans la musique, si
l’on peut ainsi s’exprimer, un noyau solide : les œuvres majeures du xxe
siècle – celles qui relèvent du «nouvel esprit musical» – pointent en
direction d’une théorie axiomatique des espaces sonores, dont les chercheurs
explorent des modèles possibles. L’existence de cette musique «nouménale» nous
a semblé pouvoir inspirer une nouvelle philosophie. Car, si l’art (classique)
est mort, la philosophie (traditionnelle) ne peut pas vivre encore bien
longtemps, sinon de cette vie de mort-vivant qui est celle de l’art
(classique). Nous lui avons cherché un avenir plus heureux, qui la fît
échapper à la pétrification muséale comme à la dégénérescence
communicationnelle. Mais dans une époque où, pour parler le langage du xixe
siècle, la participation de l’activité de l’individu à l’«œuvre totale de
l’esprit» s’est désormais réduite à rien ou presque, nous ne pouvons guère
nous bercer d’illusions. La philosophie, aujourd’hui délocalisée (à l’image
des entreprises multinationales et des produits esthétisés qu’elles
fabriquent), est probablement déjà, elle aussi, à l’état gazeux. Nous avons
tenté, très modestement, de refroidir si peu que ce soit cette transparente
vapeur, d’amorcer, si possible, une légère recondensation.
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