Amable de Baudus (1761-1822) - tome 5 : 1795

Amable de Baudus fit une première expérience de rédacteur à la _Gazette de
Leyde_ du 1 er octobre 1793 au 31 décembre 1794. Le véritable titre de ce
quotidien était _Nouvelles extraordinaires de divers endroits_. Une querelle
entre Amable et Jean Luzac, propriétaire de cette publication, mit fin à ces
quinze mois de collaboration. Amable était furieux de voir ses articles
corrigés par Luzac qui les trouvait trop favorables au royalisme et hostiles
au pouvoir révolutionnaire en place en France. Les lettres très vives
échangées avant leur rupture sont reproduites dans le tome 1, pages 225 à 249.
Il faut d’ailleurs reconnaître que Luzac avait raison de ménager les Jacobins
: son journal, trouvé trop modéré, sera supprimé par un décret de la
République batave.
Privé de ressources, Amable est alors chassé de Hollande par l’avancée des
troupes françaises commandées par Pichegru. Ce pays est envahi progressivement
de novembre 1794 à janvier 1795. Un hiver rigoureux avait gelé les fleuves et
permis l’acheminement de l’artillerie française. Ce sont les hussards français
qui s’emparèrent de la flotte hollandaise bloquée par les glaces.
Puis Amable séjourne plusieurs mois à Warendorff, en Westphalie, à 200
kilomètres à l’Est de Leyde. Il écrit au comte François d’Escars, à Vérone, et
fait valoir les raisons de son conflit avec Luzac et le prie d’offrir ses
services à monseigneur le comte d’Artois. En vain (voir tome 1, pp. 250-253).
Il se rend alors au Danemark, à Altona, près de Hambourg, à 200 kilomètres au
Nord de la Westphalie. Son adresse est « Au citoyen de Villanova, logé chez M.
Schwartzfeld, Pail-Mail, au coin de l’Armen-Strass à Altona. » Amable loge
donc chez celui qui va imprimer le _Journal d’Altona_. Amable décide de faire
paraître lui-même un quotidien rédigé de sa main. Il commence par prêter
serment de « rester fidèle et amical, obéissant et prévenant » envers le roi
du Danemark, le 20 avril 1795. Il est alors reçu comme citoyen d’Altona. Un
mois plus tard, Amable demande l’approbation du comte d’Artois. Il la reçoit
de la plume du comte François d’Escars qui ajoute quelques conseils : « Si
votre journal pouvait arriver en France, ce serait le cas d’y faire valoir la
bonne conduite de nos princes, le désir qu’ils ont de voir les Français
heureux et de ramener l’abondance dans leur malheureuse patrie. Les principes
de justice, de clémence et d’humanité qu’ils y apporteraient. Il faut profiter
du modérantisme pour ramener l’opinion publique et les journaux doivent y
influer beaucoup. Tout en disant du bien des princes, il faut éviter de les
flagorner bassement. En tout il faut aller par gradation. Je vous prierai de
m’en adresser un exemplaire pour monseigneur et de me demander le prix de
l’abonnement afin que je vous le fasse parvenir. (…) »