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Économie du cinéma, perspectives stratégiques
EAN13
9782200355395
ISBN
978-2-200-35539-5
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
DD.CINEMA
Nombre de pages
223
Dimensions
2,1 x 1,5 cm
Poids
332 g
Langue
français
Code dewey
384.8
Fiches UNIMARC
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Économie du cinéma

perspectives stratégiques

De

Armand Colin

Dd.Cinema

Indisponible
1

Penser l'économie du cinéma

L'approche économique se comprend ordinairement comme attention portée aux ressources, comme application à bien les gérer. L'économie classique se préoccupe prioritairement des processus de production, de distribution et de consommation des richesses ; elle insiste sur le caractère limité des moyens, sur l'inévitable tension qui en résulte dans la confrontation aux besoins et aux désirs. La tradition libérale conçoit l'économie essentiellement comme système fondé sur l'échange et sur les choix ; elle postule que les acteurs sociaux en interaction s'y déterminent à partir de calculs rationnels visant à maximiser leur intérêt. Selon cette conception, le marché est le lieu de la rencontre des offres et des demandes permettant d'engendrer, grâce à ses vertus autorégulatrices, le meilleur équilibre macroéconomique possible. D'autres courants de pensée, notamment d'inspiration keynésienne, contestent cette représentation et insistent sur le rôle de l'État pour contribuer à une nécessaire hétérorégulation du marché.

L'étymologie du terme économie, oikos nomos, souligne que l'administration de la maison, plus largement d'une entreprise ou d'un pays, passe par des normes et des règles ; son étude conduit à dégager des lois qui expriment une certaine intelligence de la vie des organisations. Cette propension aux approches positives, normatives et à la modélisation des sciences économiques mérite toutefois d'être interrogée. Les concepts élaborés dans ce cadre disciplinaire et ses outils méthodologiques sont précieux pour penser une économie du cinéma, mais il faut savoir les mettre à l'épreuve et ne pas être dupe des présupposés qu'ils véhiculent. La normativité y est une tendance courante, tout comme l'économisme qui résulte des prétentions excessives d'une vision du monde marquée par un certain découpage du réel. L'économie est de l'ordre des moyens, idéalement au service d'objectifs qui la transcendent, mais il est courant de voir la logique des moyens devenir sa propre finalité.

La tradition marxiste a contribué à sortir d'une définition restreinte en articulant sa théorie économique avec une doctrine politique et une philosophie. Conçue comme l'étude des rapports sociaux de production, son économie politique se distingue de celle des néo-classiques qui la définissent avant tout comme allocation des ressources rares entre des fins alternatives. La doctrine matérialiste postule cependant une séparation entre les fondamentaux économiques et le culturel, et son déterminisme est peu propice à un rapprochement fécond entre les deux mondes.

Penser une économie du cinéma en évitant de plaquer des modèles et des cadres d'analyse conçus ailleurs suppose de ne pas considérer le septième art comme simple objet d'application parmi tant d'autres, réquisitionné pour des enjeux disciplinaires qui lui sont étrangers. Il importe au contraire de partir du cinéma dans sa singularité et de mobiliser autour de lui plusieurs corpus scientifiques. L'exercice est exigeant et suppose de travailler sur les conditions d'une interdisciplinarité maîtrisée.

Le cinéma a une grande visibilité et il éveille bien des intérêts. D'emblée, il s'adresse au plus grand nombre et de plus, grâce à son statut artistique, il enchante aisément ceux qui sont familiers des valeurs cultivées. Son attrait et l'abondance des discours qu'il suscite pourraient conduire le chercheur à prendre quelque liberté avec la méthode scientifique, mais la commodité d'accès à une pratique devenue familière et les multiples approches possibles rendent encore plus indispensable l'exigence épistémologique.

L'économie, la sociologie, l'histoire et les sciences de gestion ont vu se développer dans leurs marges des travaux spécifiquement consacrées à l'art et à la culture. Ces démarches novatrices et hétérodoxes ont d'abord été considérées avec réserve par les gardiens du temple disciplinaire, puis il devint plus difficile de dénier leurs vertus, relatives à leurs contributions propres, mais aussi à tout ce qu'elles peuvent apporter en retour à leur discipline mère. Les sciences de l'information et de la communication constituent en outre, grâce à leur tradition interdisciplinaire, un cadre particulièrement propice à la mise en cohérence d'approches qui risquent toujours l'excès de dispersion.

L'art et l'approche économique

Par rapport à une tradition spéculative et interprétative qui a longtemps prévalu dans les études cinématographiques, les sciences sociales se caractérisent par l'importance de préoccupations méthodologiques orientées vers le travail empirique, les conditions de la démonstration et les critères de réfutabibilité. En ne souscrivant pas à la prévalence de l'interprétation esthétique des œuvres, les sciences sociales contribuent à la désidéalisation de l'art : il n'est ni liberté pure, ni valeur absolue, et il peut être pensé pertinemment grâce à l'étude des acteurs, des institutions et de leurs interactions.
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