L'orgueil du diable

Un corps décapité ça ne devrait pas être le bout du monde, même pour ces jeunes blancs-becs qui ne datent pas de l'époque de la Révolution Française.
C'est en souriant sereinement que Grégoire Massa arriva sur les lieux.
La Galerie Marello, coincée dans la rue de la Boucherie, entre une vieille quincaillerie et un piteux local à poubelles, faisait en sorte de garder toute sa dignité en forçant sur un décor laqué tout blanc et très lumineux. Seuls les tableaux nauséabonds exposés en vitrine s'assortissaient parfaitement avec l'environnement mitoyen.
La Police avait tout mis en œuvre pour geler le périmètre où on avait trouvé cette horrible tête. Elle avait bouclé tout le secteur et installé un ruban de sécurité autour de la scène du crime. Des gardes statiques étaient en poste pour sanctuariser la place dans un rayon d'une vingtaine de mètres.
L'équipe scientifique était déjà sur les lieux à faire méticuleusement son travail alors que les hommes de la Police judiciaire, saisie par le Procureur, interrogeaient le directeur de la galerie qui était encore sous le choc.
Matthias, quant à lui, était en train de vomir sur le trottoir fraîchement nettoyé par les services de l'aube.
- Commandant… regardez, c'est… c'est par là…
- Finis de vomir, Mathias, tu me feras ton petit rapport après !